" Nos vies ne nous appartiennent pas. De la matrice au tombeau, nous sommes liés aux autres. "

A travers une histoire plus abordable qu'elle ne le laisse croire, Cloud Atlas s'impose au cinéma comme une œuvre majeure sur laquelle il faudra désormais compter. Les soeurs Wachowski et Tom Tykwer réalisent ici une œuvre dont l'ambition se fait sentir sur chaque fragments de pellicule, et alors que certains feront rimer cette ambition avec de la prétention, Cloud Atlas se révèle pourtant être une œuvre qui s'adresse avant tout à l'humain que nous sommes et à l'existence propre de chaque individus qui engendre sa destiné.


Il est rare au cinéma de vivre de telles expériences, à vrai dire il s'agit d'un phénomène tellement aléatoire que lorsqu'il a lieu, le spectateur peine parfois à raisonner sur ce qu'il vient de vivre. Est-ce la sensation d'avoir vu un chef-d'oeuvre, un grand film qui fera son effet sur le coup sans marquer par la suite ? Il est logique de se poser ce genre de questions, c'est d'ailleurs pour cela que j'écris aujourd'hui ma critique du film, par ce qu'a l'issue de trois visionnages espacés de quelques mois, j'ai vécu l'expérience Cloud Atlas avec la même intensité à chaque fois.


Il était ardu de porter à l'écran une histoire comme celle de la Cartographie des Nuages, une œuvre si vaste et complexe au premier abord. Seulement les réalisateurs ont suent capter l'essence même de ces six histoires pour nous les faire vivre intensément. Cloud Atlas nous parle de beaucoup de choses, qu'il s'attache à développer plusieurs concepts d'idées ou à n'en survoler que quelques-une, le film nous raconte en tout cas quelque chose de fort et qui trouve de la grâce dans la portée universelle de son sujet. On nous parle d'amour, de révolte, d'idéaux, de romance, d'envie, d'espoir et de cruauté, le tout ponctué par des discours plein de passion mais aussi de fureur.


On sait des Wachowski qu'elles possèdent une certaine forme de perfectionnisme, ce qui se remarque beaucoup dans les détails apportés aux décors et aux langages des six époques différentes. Ce qui peut paraître anodin dit comme ça, mais pourtant il s'agit là de détails qui font toute la différence. Mettre en scène six époques n'était également pas une mince affaire, d'autant plus que les six possèdent une importance capitale, il fallait donc rendre ces univers cohérents entre-eux. On ne peut donc que s'incliner devant la beauté des décors, des maquillages, des costumes, et on ne peut que saluer les performances des acteurs dans leur nombre conséquent de rôles. Inutile de préciser que tout allait se jouer sur le montage pour raconter l'histoire, et ce dernier est complètement dingue. Une véritable prouesse en la matière, on a rarement vu ça.


On se retrouvera à bord d'un navire marchand aux côté de James Sturgess incarnant l'élément déclencheur pour l’abolition de la traite des noirs. Ben Wishaw composera le Cloud Atlas Sextet en Écosse durant la seconde guerre mondiale, il deviendra le premier à prendre part à la cause homosexuelle et sa composition envoûtante survolera tout le reste du film pour lui donner plus de puissance. On arpentera les rues de San Francisco dans les années 70 aux côtés de Luisa Rey, la journaliste contre le nucléaire incarnée par Halle Berry.

En 2012 nous allons suivre les aventures de Timothy Cavendish, alias Jim Broadbent, retenu de force dans une maison de retraite par l'abominable Nurse Noakes, alias Hugo Weaving. Puis viendra l'ère de l'avènement de Somni-451, une clone qui va soulever tout un peuple contre une société qui ne vit plus que pour consommer, dans le Neo-Seoul des années 2100.
Puis enfin viendra l'heure où Tom Hanks sera face à des démons intérieurs qui tenteront de l'empêcher d'élever son clan contre une société de cannibales, durant la période de l'après-chute de la Terre.


Cloud Atlas va très loin, c'est en cela qu'il est ambitieux, il réussi à mettre en scène tout ce que le cinéma peut faire de plus beau, nous faisant passer du rire aux larmes avec une facilité stupéfiante. On voyage à travers ces six époques très facilement car le montage tient tout simplement du génie, et c'est là que le film se révèle magnifique. Car en plus de nous offrir une vraie expérience cinématographique, il émane du métrage une vraie passion, un besoin irrépressible des réalisateurs de nous faire voyager au-delà de l'écran. Que cela soit par un simple plan de caméra ou une musique, le film possède cette aura passionnante et surtout passionnée, nous révélant qu'avant tout Cloud Atlas est une œuvre réalisée avec délicatesse et amour.


Tom Tykwer et les soeurs Wachowski nous invitent ici à un voyage à travers l'espace et le temps, sur les traces d'une histoire universelle. Ils nous invitent à vivre une expérience hors du commun, là où les émotions et les discours croisent la beauté des images, d'une musique et d'une mise en scène, pour former un chef-d'oeuvre majeur, laissant une trace indélébile dans l'histoire du 7ème art.

E-Stark
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes DVD et Blu-Ray, Les films que mon chat a regardé, Films vus et revus en 2013, Les films de 2013 que j'ai vus... et Les meilleurs films de 2013

Créée

le 16 nov. 2013

Critique lue 769 fois

10 j'aime

2 commentaires

E-Stark

Écrit par

Critique lue 769 fois

10
2

D'autres avis sur Cloud Atlas

Cloud Atlas
Jambalaya
9

Histoire d'allers et retours.

Quand on se dit que Matrix est un film largement surestimé, quand on n'a pas réussi a terminer Speed Racer tant ce film pique les yeux, il faut une certaine dose de détermination pour commencer Cloud...

le 24 mars 2013

149 j'aime

27

Cloud Atlas
Strangelove
8

Naître, vivre, aimer et mourir.

J'ai mis un certain temps avant de trouver la note adéquate qui correspondrait à ce film. J'aurais pu mettre 7 ou 8, comme 4 ou 5, ou comme 10. Disons que je suis passé par beaucoup d'état à travers...

le 5 juil. 2013

117 j'aime

15

Cloud Atlas
Hypérion
7

Le roulis des nuages

Une oeuvre particulière que ce Cloud Atlas, adaptée d'un livre que je n'ai pas lu parait-il tout aussi particulier. Pendant près de trois heures, un même casting affublé de maquillages plus ou moins...

le 4 mars 2013

99 j'aime

26

Du même critique

American Horror Story
E-Stark
7

Les monstres et les hommes.

Un casting de choix pour une série originale, "American Horror Story" se démarque du reste des séries grâce à son traitement particulier, et à la singularité de ses diverses saisons. SAISON 1: Murder...

le 21 mars 2015

63 j'aime

18

Edward aux mains d'argent
E-Stark
10

"Hold me." , "I can't."

Edward aux mains d'argent est l'un des films les plus emblématiques de Tim Burton, mais c'est aussi une œuvre qui marqua une génération de spectateurs. Révélant ainsi au monde le génie d'un...

le 31 mai 2013

56 j'aime

7

Mommy
E-Stark
10

"Ça n'arrive jamais dans la vie d'une mère, qu'elle aime moins son enfant."

Auréolé du Prix du Jury au Festival de Cannes 2014, "Mommy" le cinquième long-métrage de Xavier Dolan n'a pas manqué de faire parler de lui. Le réalisateur compte probablement autant d'admirateurs...

le 9 oct. 2014

40 j'aime

6