Le retour du gros connard (et c'est pas celui que vous croyez !)

(Critique sans spoilers)


Bon, je viens de voir les trois films presque en une traite, alors aujourd'hui ce sera le bilan de la trilogie, car j'ai pas l'intention de rédiger trois pavés séparés, merci de votre compréhension ^^


Faut savoir que moi en 1994 à l'époque de Clerks 1 je n'avais pas l'âge pour comprendre ce genre de délires ; j'étais pas là non plus quand est sorti Clerks 2, trop occupé à vivre les mêmes délires de geeks mais dans ma tête et dans ma vie. Et encore je ne réalise — que depuis maintenant — que des mecs comme Dante et Randal passant pour des geeks paumés de la vie, étaient beaucoup plus classes que moi, lol ; eux au moins ils avaient un travail, et donc une vie relativement stable ! Et pas si geek que ça si on retire leur obsession pour 1) citer des références à de la fiction devenue assumée partout à partir des années 2000, et 2) qui évitent les refs à Dr Who et Star Trek. Ce qui fait d'eux des types sortables tout compte fait...


La trilogie en deux mots


La trilogie Clerks est intéressante, elle a un charme certain, et une certaine désinvolture qui fait beaucoup de bien. Une petite fresque artistique, faite d'ambitions, d'amitiés, de ces petits riens qui ont une importance réelle, autant pour les personnages et ceux qui les ont aimés, que les acteurs, actrices, et leurs histoires personnelles (que je ne connais par ailleurs absolument pas). Mais on le sent à travers l'écran, même sur ce troisième opus. Ça ne sent pas la fausse réunion de viocs achetée à coups de billets de Jurassic World le monde de j'sais pas quoi...


Enfin bref... Y a du respect, et y en a même suffisamment pour supporter les passages les plus tristement mainstreams de Clerks 3. Parce que même attendri (au marteau de la nostalgie à viande, je parle pour VOUS), je constate que le 2 et 3 bien que hauts en couleurs, m'auront l'air plus ternes que le premier. Heureusement que le 3 signe la conclusion de cette aventure, car ça commençait à UN PEU SE VOIR que ça se répète. Enchanté Mr Smith, merci j'ai ri beaucoup, et au revoir.


Anecdotes amusantes


C'est marrant, mais j'ai adoré le premier film pour son esthétique noir et blanc, pour apprendre dans le dernier que le noir et blanc n'était absolument pas voulu ni souhaité, mais que la force des choses en avait décidé ainsi (c.f: sorti de la bouche du réalisateur dans le film). Lui voulait de la couleur et ça explique Clerks 2 et 3 et la scène cartoon dans l'édition longue du 1. Hey comme quoi il est aussi important de forger son ressenti artistique, que d'écouter quelle était la véritable intention de l'auteur.


Autre anecdote amusante : c'est lors du dernier film que je capte que Silent Bob est joué par le réalisateur, Kevin Smith... alors que je me disais que c'est l'acteur que j'ai trouvé le moins bon dans la trilogie... lol (Résumé : son rôle n'est pas clairement défini car mise en scène cheloue pendant ses apparitions, et pas toujours convaincant avec ses grimaces quand il apparaît dans ses créneaux de 2 secondes). Faudrait que je vois le film dédié au duo Jay & Silent Bob pour me faire un avis étendu !


Dernière anecdote amusante : j'ai progressivement détesté le personnage de Dante au fil des opus... Au début je le voyais assez identique à Randal, voire même (et c'est fait carrément exprès) que Randal passe pour le mec inférieur à la fin du premier film, jusqu'à ce que Dante me procure un arrière goût de Mary Sue masculin assez dégueulasse. JE M'EXPLIQUE ! (spoilers)


C'est quoi le problème avec Dante dans Clerks 2 et 3 ?! C'est dingue quand j'ai réalisé que tout le cast tournait autour de lui. Dante est décrit comme un geek ET un gars pas très beau ni attirant, pourtant il est clairement dit qu'il a beaucoup couché dans sa vie (POUR UN GEEK... contexte), et c'est MIEUX que ça si tu compares à son meilleur ami, le mec grunge à la belle gueule qui LUI n'a pour ainsi dire pas une seule touche en trois films (et QUOI!? il a un petit zizi ? ohhh ho ho cette punition par le script mais OSKOUR!!!!). Les meufs se mettent TOUTES en quatre pour Dante, et finissent par se sentir inférieures à lui (allez à part la bimbo vénale, mais ça ne l'empêche pas de l'aider à la fin donc si en fait elle est victime du perso "Mary Sue" de Dante, le charmeur, l'irrésistible (connard)) ; Mais attendez !! Son meilleur pote le gars cool, cash, rentre dedans et paumé parfois mais pas dénué de coeur devient juste un PORTE SERVIETTE HUMAIN qui implore que le bon Dante reste à ses côtés car sinon son royaume s'effondre, après s'être fait traité comme du caca pendant la "traditionnelle scène d'engueulade" (et encore dans Clerks 1 ça passe). Enfin bref quoi, merde ? Cette constante valorisation de Dante est atroce à voir (et puis jusqu'à la fin en PLUS !! faut voir le dernier plan digne d'une composition chrétienne, c'est LITTÉRALEMENT JESUS AU CENTRE qui veille au grain de ses ouailles... ahhhh!! mais si c'était voulu (??) alors c'est brillant, mais là tout de suite j'en sais rien donc ahhhhh!! quand même).

Bref, j'ajoute un dernier spoiler!!! et c'est terminé ^^


J'aurais dû retirer des points car la construction narrative est IDENTIQUE sur les trois films (ils s'engueulent puis Dante "le connard magnifique" se fait prier par tout le monde et tire toute la couette de l'amitié à lui, ahhhhh!!) + je ne m'attendais pas à voir de la vieille romance cucul dans un stoner qui se croyait un peu "hors normes" (j'parle de Clerks 2 bien sûr). Ahhhhh!! x3


THIS IS THE END, MY FRIEND


Les gros points noirs que j'ai cité sont rattrapés par quelques envolées vraiment très agiles, certains sujets "dits sensibles" qui partent en couilles total MAIS qui se réceptionnent vraiment super bien... (= métaphore pour dire que certaines blagues possèdent une chute assez intelligente et qui fonctionne super bien).


Y a donc du bon dans ce Clerks 3... certes on rigole moins, mais le réalisateur non plus avec l'âge qui tape à la porte, le sérieux du thème abordé... et le Dante qui devient de plus en plus un gros connard dans son évolution... Au final n'est-ce pas ça qui donne leur humanité à ces deux compères, et l'amitié Dante / Randal si injuste qui fait le charme de ces films ? Autant de raisons d'aimer ou détester ce dernier film pour le coup.


Au moins on peut accorder à Mr Smith qu'il a su terminer une histoire de vies (sur 3 films et +), véritable arc de personnages s'étendant sur une durée très longue, ce qui est en soi un exploit dans ce monde acharné qu'est le cinéma. C'était une chouette aventure.


Note: Clap de fin /20

Tonton_Norman
5
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le 5 févr. 2023

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Tonton_Norman

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