Enième film documentaire sur la star à paillettes ! Que n'a-t-on dit, écrit sur lui, ce qui fait qu'il va m'être très difficile de ne pas me substituer à François Chaumont et Laurent Portes sur ajouter à cette saga un tas d'informations qu'il ne nous exposent pas. A leur décharge, ce film n'est pas non plus une encyclopédie Clo-Clo mais pour étancher votre légitime soif de savoir sur l'idole défunte, je mettrai donc mes propres souvenirs, mais entre parenthèses...
Car le grave défaut de ce film de près de deux heures, c'est qu'on n'apprend pas grand-chose de neuf sur la star aux vestes à paillettes... Et que ses géniteurs nous abreuvent de tas de bandes filmées déjà vues, avec ou sans les Claudettes qu'un rien déshabillait.
Très peu, trop peu de témoignages : on a bien un zeste de Guy Lux mais si peu... D'ailleurs, si l'on exclut les midinettes de 17 ans, celles qu'affectionnaient le plus Claude François, comme il le dit lui-même "après elles ne sont plus spontanées et elles réfléchissent trop", et leurs mères, (Ce n'est un secret pour personne, Claude aimait les gamines) Claude était vraiment mal-aimé car même le jour de ses funérailles, il n'y avait pas grand-monde du show-biz, ni de VIP à ses onsèques !
Mais le chanteur était odieux avec tout le monde et ne faisait pas grand-chose pour se faire apprécier. Il était aussi exécré des journalistes : pour annoncer sa mort, Libé avait titré "Claude François a volté" Pour ceux qui l'ignoreraient, le chanteur est mort dans sa baignoire alors qu'il tentait de redresser une applique lumineuse électrique. D'autre part, des élections étaient proches en France d'où le clin d'oeil peu respectueux "a vo (l)té"...
Claude François, c'est son vrai nom. Il avait bien tenté le pseudo "Kô-kô" en reprenant le style musical arabe de Bob Azam et son "Fais-moi du couscous, chérie" en vogue à l'époque, et en lançant "Mustapha" mais ça avait fait un bide en France, et un petit succès seulement outre-Méditerranée...
Claude est né en Egypte, sous le soleil du canal de Suez : son père, grand-père s'occupaient en effet de sa gestion et menaient une vie très aisée... Jusqu'à ce que Nasser, arrivé au pouvoir, décida de nationaliser le canal et d'exclure du sol de l'Egypte les ressortissants anglais et français, dans des conditions épouvantables, leurs biens étant saisis par l'Etat.
Ce qui devait marquer le petit Claude qui eut par la suite, l'angoisse de toujours "manquer"...
Peut-être aussi celle de la hantise d'être seul la nuit... (à moins que ce ne soit pour justifier ses innombrables maîtresses, 3000 affirment certains...)
La famille François vivra très mal cet exil accompagné de misère et le père se sentant blessé, humilié, tombera en dépression nerveuse et souffrira d'anorexie : il pesait 35 kg. Grâce à la soeur de Clo-clo qui s'était mariée à Monaco un an plus tôt, la famille s'y repliera, attendant des jours meilleurs mais retrouvant les bords de la Méditerranée.
Le futur chanteur volait de la nourriture, dormait à même le sol.. Des plus riches parmi les pauvres en Egypte, les François étaient devenus les plus pauvres parmi les plus riches à Monaco.
Mais Claude rêvait toujours de devenir saltimbanque, au grand désespoir du père qui voulait que comme lui, il fasse de hautes études... Claude n'aura que la première partie du Baccalauréat, et devra se résoudre à "faire bouillir" la marmite familiale. Il sera d'abord employé de banque, puis se reconvertira dans le milieu du spectacle qu'il affectionne bien d'avantage. D'abord comme batteur-percussionniste, puis comme chanteur, ce toujours sous la réprobation paternelle. Ils ne se parleront jamais plus...
C'est à cette époque que Claude rencontre son premier amour sur le rocher, Valérie, qui ne pourra pas l'épouser. Cet amour déçu lui inspirera un premier tube, superbe : le slow "Pauvre petite fille riche"
Il est du reste curieux de constater que le "mal aimé" fera de ses échecs amoureux ses plus belles chansons !
Puis il épousera une petite anglaise très mignonne dont il tombera follement amoureux : Janet Woollacoot qu'il épousera... (Je sais... autre très beau slow, sera créé après sa rupture)
Monté à Paris, sur les conseils de Brigitte Bardot et Sacha Distel dit-on, Claude se révèle être un époux détestable : jaloux maladif, tyrannique... Janet se consolera dans les bras de Gilbert Bécaud qui lui est en instance de divorce. Elle faisait en effet partie du groupe de danseuses qui accompagnait Becaud et dont les pseudos 100 000 volts (c'était son surnom, bien usurpé) se déchargeaient aussi en coulisses : il aimait les femmes. Janet et Bécaud eurent un enfant et ce fut la seule descendance de la jeune femme. Janet fut la seule épouse légitime de Claude : plus aucune autre ne portera le nom officiel de Madame François.
Mais Bécaud et Clo-clo se réconcilièrent lorsque ce dernier fut séduit par la superbe France Gall à laquelle tout souriait, et qui était de huit ans sa cadette. Amours difficiles : parmi tous ses défauts, Claude ne supportait pas la concurrence. Elle, ne se voyait pas vivre parmi les casseroles d'une cuisine : l'idylle était vouée à l'échec, chacun regardant l'avenir dans un sens contraire.

Il fut furieux lorsque Gainsbourg lui composa "Poupée de cire, poupée de son" qu'elle alla défendre à l'Eurovision, sous les couleurs du Luxembourg... Quand elle lui téléphona pour lui annoncer avoir gagné, Claude lui répliqua "Mais moi, tu m'as perdu" (La soeur de Claude qui cette nuit-là était Boulevard Exelmans à Paris, raconte que plutôt que fêter son prix à l' Eurovision, France s'était fait rapatrier d'urgence en France au-lieu de savourer son succès, et que Claude refusant de lui ouvrir la porte, elle avait passé la nuit sur le paillasson d'entrée en l'implorant...)
Claude François "francisait" beaucoup de tubes yé-yé des sixties : Beatles, Bee-Gees, mais si son répertoire était puisé dans ces tubes, son âge et ses préférences le classifiaient plutôt parmi les crooners genre Sinatra et autres, plutôt que Presley. Il gagnait de plus en plus d'argent et acheta à 60 km au sud de Paris, la résidence du Moulin de Dannenois que la municipalité avait mise en vente. Avec une rivière qui traversait le parc... (plus d'un curieux a essayé la nage sous-marine en vain pour essayer de découvrir le domaine du chanteur)
Comme Claude était mal-aimé de tous, sauf de ses fans qui ne connaissent pas son véritable tempérament, il décide d'organiser sa propre publicité et rachète le journal "Podium" qui concurrencera le "Salut les Copains" et qui se vendra bientôt mieux que son concurrent. Puis "Absolu", un magazine de charme féminin, aux fins de concurrencer "Lui", et "Playboy." C'est lui qui en fera les photos sous un pseudo, et la plupart se feront au moulin de Dannenois.
En fin de contrat avec la marque de disques "Fontana" puis "Philips", le renouvellement avec l'éditeur ne se fera pas. Claude créé sa propre marque "Flèche" Il deviendra aussi producteur mais sa répulsion pour la concurrence l'amènera à couper les ailes aux stars qui risqueraient de faire baisser ses propres ventes. Comme Alain Chamfort dont il sabotait les tournées.
Il dirigeait aussi une agence de mannequins : toujours cet amour cannibale des femmes.
Entretemps, et après France Gall, il avait fait la conquête d'Isabelle qui avait renoncé à sa carrière pour s'occuper de Claude et de son foyer. (Un amour sans passion dira-t-elle...)
Il eurent deux enfants mais le chanteur fit tout pour taire cette paternité qui eut porté un coup aux rêves des minettes qui le courtisaient et auxquelles la simple vue de l'idole dégénérait en crises d'hystérie.
Mais à trop vouloir entreprendre, toujours vouloir le plus beau, le plus vite, et à n'importe quel prix, l'argent filait entre les doigts de la star ! Table ouverte à Dannenois, entretien prohibitif de la propriété, gestion désastreuse de ses sociétés : c'est ainsi que fait rarissime, l'armée de techniciens qui accompagnait les spectacles de Claude était payée à l'année, et non à la prestation.
De plus il voulait tout commander, tout gérer, tout modifier, tout faire lui-même, et faute de déléguer, ses sociétés firent faillite. Quand il demanda à connaître son passif, on lui annonça "un milliard" ce à quoi il répondit "seulement ?" Sa tyrannie envers son personnel était telle qu'il l'inondait de notes de service dans lesquelles il eng... tout le monde ! C'est ainsi que le chef des claudettes s'était vu reprocher de tolérer qu'une des danseuses ne perde un cintre en bois et le remplace par un en fil de fer, que cette situation était intolérable, et qu'il faudrait enlever dix francs du cachet de chaque danseuse par cintre égaré ! Merde ! (sic) (complètement cintré)

Isabelle en eut, elle-aussi, marre du tempérament volcanique de Claude et de ses incessantes infidélités : elle le quitta avec ses deux garçons pour s'installer dans le sud... (elle dira dans un autre documentaire à quel point le chanteur l'avait trompée et qu'elle en avait assez de ses sautes d'humeur et de son caractère invivable !)
Parmi les qualificatifs de ses proches : mégalomane, tyrannique, orgueilleux, vaniteux, exigeant, outrageusement dépensier (...
Claude François avait malgré tous ses défauts deux grandes qualités : son perfectionnisme absolu, à la limite du maniaque, et son respect du public : tout spectacle était réglé au millimètre. Même le moindre couac de ses musiciens n'échappait pas à son oreille experte...
(S'il n'était décédé accidentellement, Claude François aurait probablement survécu à la vague yé-yé comme Johnny, Eddy, tant sa connaissance du métier et du public était grande. Il envisageait une évolution de carrière comme animateur de spectacles ou de télévision. Il s'en était ouvert à Michel Drücker en lui demandant s'il était "partant" Mais n'aimant pas la compétition, est-ce qu'une telle alliance n'aurait pas été contre nature ? On ne le saura jamais.)
(Odile, une de mes amies, haïssait le chanteur ! Ayant fait un voyage avec lui en avion, et sans le savoir, lors de sa descente et malgré son camouflage, Claude fut reconnu malgré ses épaisses lunettes de soleil. Comme elle l'admirait auparavant, elle s'avança vers lui comme d'autres fans pour demander un autographe , et il devait être de fort mauvaise humeur, car il envoya impoliment tous ses admirateurs sur les roses qui se jurèrent bien qu'on ne les y reprendrait plus !)
Dans ce documentaire, on voit une interview dans laquelle Claude et l'animatrice qui lui pose (maladroitement) des questions auxquelles il lui semble avoir déjà répondu, répond agacé "Ecoutez, je vais vous le dire une quatrième fois mais après je vais m'énerver !"
Claude François est mort en mars 1978 à 39 ans, d'avoir vécu trop vite, trop intensément... Jusqu'au jour où la fée électricité s'est transformée en sorcière armée d'une faux...
(Un de ses fils, amené à commenter les règlements de compte de l'héritage "Hallyday" déclarait récemment avoir failli renoncer à la succession de son père. Son passif s'élevait à dix millions de francs ce qui était énorme à l'époque. Heureusement, certains droits d'auteur continuent à rapporter beaucoup d'argent tel "comme d'habitude (my way)"
(Claude François a été inhumé à Dannenois" Quarante ans après, certains admirateurs fleurissent toujours sa tombe. Par contre, l'idée de faire un musée Claude François de son domicile boulevard Exelmans a définitivement été abandonnée)
Postérieurement à l'écriture de cette critique, un autre documentaire télévisé est paru sur le chanteur : "Cloclo : 40 ans après, ultimes révélations" le 20.02.2018. Les admirateurs de la star disparue trop tôt pourront y découvrir mon appréciation dans SC.
France 3 le 16.02.2018
Mémo 02/03 - 2018 de films documentaires sur Claude François commentés :
- Claude François, la revanche du mal aimé
- Cloclo : 40 ans après, ultimes révélations.
- Claude François, les derniers secrets.
- La Folle histoire de Cloclo

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le 17 févr. 2018

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