Certains sont prêts à mourir pour la patrie, d’autres pour une photographie. La photoreporter Lee Smith a immortalisé toutes les horreurs du monde avec sa caméra. Et lorsque la guerre déchire les États-Unis, l’objectif ne change pas : obtenir la meilleure image de cette violence pour informer. Avec deux collègues et une aspirante photoreporter, la journaliste chevronnée traverse la côte est du pays pour prendre une photo du président à Washington avant que celui-ci ne soit renversé par les forces dissidentes. Loin de porter un regard sur l’Amérique post-Trump et la culture des armes à feu, le dernier film d’Alex Garland fait de cette seconde guerre de sécession un simple prétexte. Chaque élément de ce décor politique est une potentielle image, un cliché à saisir avant les autres et en dépit des bains de sang. Ne compte que la narration, l’histoire derrière l’image figée pour l’éternité et pour les curieux. Grâce aux performances étincelantes de Kirsten Dunst et Cailee Spaeny, le photojournalisme de guerre devient ce métier aussi absurde et mortifère qu’indispensable. Sans pudeur, le cinéaste décalque cette vision de l’image sur son propre médium, thriller étouffant dont chaque image doit être iconique et marquer plus que la précédente.