Et voilà, il fallait que cela arrive, la guerre de Sécession sévit de nouveau aux Etats-Unis.
La bannière étoilée ne comporte plus désormais que deux étoiles représentant les Etats les plus représentatifs : La Californie et le Texas. En gros les "vrais" (auto-proclamés) américains ou encore Forces de l'Ouest chargés d'éliminer tout ce qui s'éloigne de l'idéal (redneck) et en particulier le Président des (bientôt ex) Etat-Unis. Autant dire que l'Amérique est devenue un vaste terrain de guerre. Un journaliste, Joe (Wagner Moura, bof) une photographe de guerre Lee (Kirsten Dunst, TRES bien) se sont donné pour mission de réaliser la dernière interview dudit Président qui n'a pas pointé le bout de son nez terrifié depuis quatorze mois. Pour cela ils doivent se rendre à Washington D.C. et parcourir près de 1 500 kms en zone(s) de guerre. En chemin ils embarquent Jessie (Cailee Spaeny, Priscilla chez Sofia Coppola) une toute jeune apprentie photographe, fan de Lee, et Sammy un vieux briscard revenu de tout, vaguement impotent mais toujours prompt à prodiguer ses conseils et autres intuitions (même s'il sera aussi très efficace lors d'une scène délicate, ne lui jetons pas la pierre, Pierre).
Alex Garland ne s'embarrasse pas de politique et on ne saura jamais pourquoi et comment (même si on peut s'en faire une petite idée) les Etats-Unis en sont arrivés une nouvelle fois à s'entre-tuer. Et comme on ne peut distinguer aucun signe caractéristique des deux camps (tunique bleue des yankees contre casaque grise des confédérés par exemple) on ne saura jamais non plus qui tire sur qui, indépendamment de ne jamais savoir pourquoi. Lors de l'une des meilleures scènes et des plus flippantes (celle avec Jesse Plemons), on pourra aisément comprendre que le racisme n'est pas étranger à cette nouvelle lutte fratricide.
Au final, le film ressemble davantage à un road trip proche du blockbuster avec gros son percutant (ma préférence va à cette chanson https://youtu.be/qCRTCqgAkfg?feature=shared), quelques scènes d'action très efficaces (celle de la station-service, celle du charnier et celle de l'attaque de la Maison Blanche) mais l'absence d'incarnation et de contextualisation m'ont empêchée d'y voir une oeuvre réaliste dans laquelle on pourrait s'immerger avec angoisse (ce que je crois elle se targue d'être, réaliste).
Le film est plus naturaliste lorsqu'il s'agit d'évoquer le métier de reporters de guerre et c'est son véritable thème je pense. Ces hommes et ces femmes plongent littéralement et quasi inconsciemment (dopés à l'adrénaline, à la weed ou à la vodka) au milieu des scènes de combat à l'affût de LA photo, faiblement protégés par une veste en kevlar, un casque et une carte de presse. Mais pour l'hommage à ce métier incroyable on se tournera plutôt vers Michael Winterbottom et Welcome to Sarajevo, l'incontournable (et indépassable) La déchirure de Roland Joffé ou plus récemment Sympathie pour le diable de Guillaume de Fontenay.
A propos de réalisme, j'imagine que si Washington et la White House étaient attaqués par des chars, une armée déchaînée et des hélicos, le Président se planquerait dans un bunker blindé et pas dans le bureau ovale. Mais je dis ça, je dis rien, je ne connais pas le protocole tazunien en cas de super crise. Bref, le savoir faire est là indéniablement mais en sortant on se dit : tout ça pour ça. Le grand mérite du film : nous permettre de revoir Kirsten Dunst (qui aurait par ailleurs imposé son mari Jesse Plemons au casting, elle a bien fait).
Pardon pour les parenthèses ouvertes. J'espère les avoir toutes refermées.