♫ Elle se consola en le faisant cocu, comme de bien entendu ! ♫

Michel Simon magistrat à la retraite et sa femme, couple de bourgeois guindés et maniérés par excellence, se retrouvent coincés à la tombée de la nuit au fin fond de la cambrousse, dans une auberge de prolos, servant accessoirement de repaire à tous les malfrats des alentours. Il suffit de voir la trombine d'Arletty et de Dorville pour saisir en un instant l'ambiance du lieu, entre traquenard dissimulé et vraie bonhomie. Initialement partis en vacances avec voiture et chauffeur, ils se retrouvent au centre névralgique d'un tissu de magouilles dont l'issue s'avèrera plutôt surprenante.


La morale finale du film empêche de le qualifier d'œuvre entièrement anar, mais force est de constater que durant la quasi-totalité de l'histoire, une liberté de ton incroyable contribue à former une bande hétéroclite de sacrés lascars, dans une profusion d'intérêts personnels emmêlés. Un joyeux bordel dans lequel on flirte avec la femme d'un autre tandis qu'on se fait faire les poches, entre deux godets de rouge et une chanson. Et quelle chanson ! La gouaille de Dorville, la malice d'Arletty, et pour finir Michel Simon qui s'y met, c'est un pur régal. Comme de bien entendu : lien youtube. Un chant qui deviendra ironique lorsque les soldats français l'entonneront en partant à la guerre peu de temps après la sortie du film.


Les passages savoureux ne manquent pas dans ces Circonstances atténuantes, à commencer par la plongée brutale de la bourgeoisie dans un univers populaire. Le choc est frontal, mais ils auront tôt fait de goûter aux charmes des environs, alcool et civet de lapin aidant. Leur acclimatation aux pratiques locales est un festival de larcins croisés, et on perd très vite le fil des manipulations des uns et des autres, par les uns et les autres. On ne comprend pas trop où Michel Simon veut en venir quand il décide de se mettre au service de la troupe, en aidant au vol d'une moto (alors qu'il l'achète par derrière) et au cambriolage d'une luxueuse maison (alors qu'il s'agit de la sienne, pour se débarrasser de la verroterie accumulée par sa femme). Dans ces moments-là, il se fait particulièrement inventif pour duper ses camarades cambrioleurs, en faisant croire à des doigts de fée devant son propre coffre-fort par exemple.


On finit par comprendre in extremis sa ligne de conduite, alors qu'il n'avait jamais totalement perdu de vue sa morale de juge, en aidant ses ouailles de manière assez peu orthodoxe.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Circonstances-attenuantes-de-Jean-Boyer-1939

Morrinson
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le 10 sept. 2018

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Morrinson

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