C’est un film étrange, les 30 premières minutes montrant les forces en présence sont pas loin d’être anecdotique, mais une fois le film terminé tout s’éclaire. Cinq pièces faciles est un bloc indivisible, aucune scène ne peut se voir pour elle seule, chaque action, chaque plan, prend un sens en réponse avec ce qui s’est déroulé avant. C’est un tout qui fait sens.
En deux mots, c’est l’histoire d’un trentenaire (Nicholson) qui n’en finit plus de fuir, là il retourne vers la maison familiale pour voir son père…
Road movie culte des seventies, Cinq pièces faciles trimballe dans son sillage une force souterraine qui marquera le spectateur. Cela vient peut être de Bobby, ce personnage principale qui passe son temps à refuser tout ce que la vie lui offre, il préfère tout envoyer valser et repartir de zéro en passant par cette fameuse étape, si cher au cinéaste du nouvel Hollywood, la route. Chaque « grande partie » du film se fait après un passage sur celle-ci, c’est assez beau d’ailleurs de voir comment Rafelson donne de la vertu à la route, elle est encore à ce moment précis (on est en 1970) synonyme de liberté, ou en tout cas de renaissance. Car malgré tout ses efforts, Bobby finit toujours par être asphyxié par l’endroit ou il vit, il est condamné à être éternellement sur le départ. Je dis condamné mais c’est sans doute sa principale force, cette capacité à tout laisser tomber pour repartir de plus belle, sans lâcher le moindre regard en arrière. Il n’aime pas vraiment les gens, il ne s’aime pas vraiment non plus, c’est sous doute pour ça qu’il ne peut se fixer. Rencontrer des gens, oui, apprendre à les connaître, non. C’est tout ce que fait le drame et la force du récit, aller de l’avant, vers un nouvel espace qui peut être enfin ne sera pas cloisonné, tout en sachant qu’on y trouvera pas ce qu’on l’on cherche, mais qu’est-ce que l’on cherche ?
Biniou

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