Portrait au quotidien d'un écorché de la vie, Chronic avait tout pour être le drame intime phare de cette année. Une photo tristounette mais toujours claire, une grande sobriété vis-à-vis du sujet, mais surtout un Tim Roth immense.
Tim prête ses traits d'homme brisé à David, infirmier spécialisé dans l'accompagnement de personnes en fin de vie, qui peine à se forger une une intimité qui lui soit propre. En effet pour lui, "intimité" signifie laver des gens qui vont bientôt mourir. Aussi s'invente-t'il des vies auprès d'inconnus, et se rapproche plus volontiers de ses patients.
Terrible ombre au tableau de ce film, une mise-en-image ampoulée et m'as-tu-vu, faite de longs plans au réalisme cru où Tim lave des corps nus, et de scènes transitoires souvent inutiles, du moins clairement placées ici pour ne pas mettre deux lavages d'affilée...
Un procédé qui n'est pas sans rappeler les premiers films de Steve McQueen. Sauf que Hunger et Shame, dans leur extrémisme, racontaient un tournant de la vie de leurs personnages. Un moment exceptionnel. Chronic raconte le banal quotidien et ne le sublime qu'à la fin, totalement arbitrairement.
Le plan final en devient une sorte de blague involontaire mais sordide, placé là parce qu'on n'avait plus de budget pour laver encore un malade et que de toutes façons 1H33 c'est bien suffisant, allez hop !