La (vieille) France insoumise

On vous aura sans doute exposé, dans les rares avis concernant Choeur de Rockers, les doctes références au cinéma social anglais, comme The Full Monty ou encore Les Virtuoses. Parce que ça, c'est de l'analogie cinématographique qui claque.

Sauf que l'arrière-plan social, il n'est qu'en filigrane de cette aventure inspirée d'une véritable histoire, tandis que le scénario et le propos emprunteront bien plus... A La Cage aux Rossignols, et donc aux Choristes, vous savez, ce désormais vieux film réac au succès qui sent bon, à coup sûr, la beauferie.

On a les références qu'on peut...

Mais le schéma sera le même : celui de la seconde chance offerte via le chant à un ensemble de personnes déconsidérées et emprisonnées par leur condition : la jeunesse délinquante d'hier laissant la place, en 2022, à la solitude de la retraite et à ses stéréotypes.

Les personnages seront aussi les mêmes, avec cette prof outsider face à un groupe de fortes têtes qu'elle réussira à amadouer et à élever.

Il n'y aura donc, un peu malheureusement, aucune surprise dans le déroulé de cette histoire en forme de conte de fées moderne, qui coche consciencieusement les cases des péripéties obligées.

Mais cette absence est cependant contrebalancée, en premier lieu, par cette bande originale éclectique qui irrigue le film d'une envie constant de battre la mesure afin d'accompagner cette troupe improbable.

Et surtout, il y a une énergie qui ne se dément jamais au sein de cette chorale poivre et sel, avec, en fer de lance, un quatuor d'actrices attendrissantes formé par Andréa Ferréol, Myriam Boyer, Brigitte Roüan et Anne Benoit. Tandis qu'une poignée de séquences suscitera sans doute l'émotion du plus grand nombre.

Car cette énergie, c'est celle de laissés-pour-compte refusant d'être considérés comme arrivés au bout du chemin et s'inscrivant contre les codes, à l'image du rejet de ce spectacle plan-plan orchestré par un adjoint coincé qui l'est tout autant.

Choeur de Rockers vaudra donc pour son esprit d'insoumission sympathique qui fait tant défaut aujourd'hui, une rébellion softcore que l'on ne peut que chanter à pleins poumons. Non décidément, rock is not dead.

Behind_the_Mask, smells like teen spirit.