Une femme d'une quarantaine d'année, divorcée et sans enfant, vit seule à Annecy après le décès de sa mère. Peu après, cette professeure de dessin va rencontrer un immigré italien de vingt ans, venu en France pour du travail, et dont elle va s'y attacher en s'occupant de lui.


Chère Louise est en quelque sorte une anomalie de Philippe de Broca car pour la première fois, il s'attaque à une histoire d'amour sans la fantaisie qui le caractérisait. Il a donc du jouer cartes sur table et faire un cinéma plus intimiste que ses grandes réussites des années 1960 ainsi que sa collaboration avec Jean-Pierre Cassel, avec une actrice aussi importante que Jeanne Moreau.Même si le réalisateur a souffert le martyre sur le tournage du fait de son manque d'intérêt pour l'intime, le résultat a quelque chose de touchant. Et, mine de rien, anticipe sur la différence d'âge dans un couple ou, de manière plus scandaleuse, une femme plus âgée que son amant. Aujourd'hui, le sujet ne fait plus vraiment peur, mais en 1972, il y a cette peur du qu'en dira-t-on, de l'avenir, et Jeanne Moreau porte en elle une dignité qui la rend souvent sublime, face à Jean Negulesco (alors Français d'origine Roumaine et non pas Italien !) qui serait celui le plus proche du cinéma de de Broca. J'en veux pour preuve son arrivée en bus à Nice en compagnie d'un vieil homme ivrogne, et là, on retrouve de la comédie, de la légèreté, comme une parenthèse enchantée pour le réalisateur. Car avant, puis après, l'histoire prend une tournure plus mélodramatique, où en fait, si on place du côté de ce garçon, il est comme un gigolo avec d'autres conquêtes que Jeanne, et du côté de cette dernière, elle le couve comme si ça aurait pu être le fils qu'elle n'a jamais eu, mais a pour lui un amour platonique qui n'est pas vraiment réciproque.


De plus, deux ans après Le genou de Claire, le cinéma revient à Annecy, et c'est vraiment bien filmé, et on retrouve au reste du casting Didi Perego, l'amie de Jeanne Moreau, ainsi que deux courtes apparitions de Yves Robert. On sent que le film garde une certaine tendresse à la fois pour les deux personnages, avec une conclusion au fond surprenante compte tenu de ce devait être une femme en 1972, mais c'est à l'image de Jeanne Moreau, l'insoumise qui paiera cher son indépendance.
Massacré à sa sortie, bide intersidéral en salles au point qu'il n'est vraiment réapparu sur les écrans qu'en 2022, Chère Louise (du nom des lettres qu'écrit Negulesco à Jeanne Moreau alors qu'il commence à écrire en français) est assurément une curiosité dans le cinéma de de Broca. Cette commande l'aura tant déstabilisé qu'il reviendra à quelque chose qui lui sied mieux, à savoir son film suivant, Le magnifique...

Boubakar
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le 24 avr. 2022

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