Cheap Thrills
6.7
Cheap Thrills

Film de E.L. Katz (2014)

Ce qui est fascinant avec le cinéma de genre (du moins quand il est conçu avec intelligence), c'est qu'il permet d'aborder des sujets complexes, voire sulfureux, d'une façon détournée, là où le faire d'une façon plus frontale poserait peut-être davantage de problèmes dans une production plus accessible. Souvent tournés avec un budget modeste, ces productions permettent une plus grande liberté de ton, les impératifs commerciaux n'étant bien entendu pas aussi importants. Tout ça pour dire que Cheap Thrills, premier long-métrage de E.L. Katz, rentre parfaitement dans cette catégorie de films utilisant les codes d'un genre bien défini pour mieux livrer son message subversif.


En opposant un couple plein aux as prêt à raquer pour sortir de sa vie bien ennuyeuse à deux pauvres gars prêts à faire n'importe quoi afin de s'extirper de leur déplorable condition sociale, Cheap Thrills illustre une violente lutte des classes et pointe du doigt les conséquences souvent désastreuses d'une crise économique ayant creusé encore plus l'écart entre les différentes castes.


Par le biais d'un thriller en quasi huis-clos, E.L. Katz peint le portrait d'une humanité peu flatteuse, complètement dévorée par un capitalisme outrancier où tout est à vendre. Tendu et court, allant droit à l'essentiel, le film nous laisse seuls avec notre propre morale, le spectateur ne pouvant s'empêcher de réfléchir à ce qu'il ferait dans une telle situation.


Bien que glaçant et éreintant, Cheap Thrills évite soigneusement tout effet putassier, ne tombe jamais dans la facilité ou le scabreux, l'ensemble étant imprégné d'un humour noir salvateur et il faut dire, d'une redoutable efficacité. On ne peut que saluer également l'implication d'un casting de comédiens peu connus, mention toute particulière à Pat Healy et à un Ethan Embry méconnaissable pour qui aura grandi avec le rock-movie Empire Records.


Si Cheap Thrills aurait pu aller bien plus loin et manque parfois de subtilité, il reste un premier film prometteur, rondement mené, formellement soigné, percutant dans son propos et bénéficiant d'une interprétation remarquable.

Gand-Alf
7
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le 22 oct. 2015

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Gand-Alf

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