Charlotte
6.4
Charlotte

Long-métrage d'animation de Tahir Rana et Eric Warin (2021)

Sur les traces du magnifique Josep, a propos d'un artiste catalan maltraité par une république française frileuse et plutôt xénophobe, voilà l'histoire de Charlotte Salomon, pas républicaine mais juive, elle aussi confrontée aux soubresauts de l'histoire du XXème siècle. Qu'on ne se lasse pas d'explorer, principalement dans l'espoir que la contemplation des faillites passées dissuaderait nos contemporains de refaire encore et toujours les mêmes choix mortifères. C'est mal engagé. Donc cette histoire sur l'antisémitisme toxique des années 30, commençant en Allemagne mais trouvant sa conclusion dans la France collaborationniste, devrait être d'utilité publique. Forcément, les gens qui pourraient le plus bénéficier de l'exemple du sacrifice de cette brebis innocente n'ont pas dû se précipiter dans les salles au moment de sa sortie... Pour les autres, on suit le parcours semé d'embûches d'une jeune femme artiste. Cette état seul aurait pu justifier un scénario complet d'obstacles à franchir, dans une Europe d'avant-guerre un tantinet machiste. Considérant en prime qu'elle était juive dans une Allemagne en chemises brunes, on conçoit tout de suite les difficultés qu'elle s'apprêtait à affronter. Les scènes de jeunes crétins pleins de morgue qui interrompent des concerts parce que les interprètes ou les auteurs sont juifs sont tout à fait édifiantes : il suffit d'une excuse, même bidon, pour que les roquets se sentent pousser des dents. Le danger est là, au cœur de chacun, dans la violence d'un désir de revanche attisé par le sentiment d'être méprisé de tous, et surtout des institutions. Charlotte poursuivait paisiblement ses rêves artistiques, tandis que sa famille tentait de se protéger de l'étau qui resserrait son étreinte sur elle. C'est ainsi qu'elle atterrit dans le Sud de la France, chez une Américaine généreuse dont la villa est un refuge pour les persécutés. Charlotte y entreprend un travail inédit : la réalisation d'une narration peinte de tous ses souvenirs. Plus de mille. Littéralement l’œuvre d'une vie. Comme les dessins de Josep, ses gouaches constitueront un témoignage de première main. Le récit individuel d'un naufrage collectif. Qui reste visiblement lettre morte pour beaucoup de nos contemporains, c'est bien désolant.

Créée

le 24 nov. 2023

Critique lue 9 fois

Critique lue 9 fois

D'autres avis sur Charlotte

Charlotte
Fatpooper
6

Poil à la glotte

Je ne connaissais pas l'artiste, ça donne envie de parcourir son œuvre.L'intrigue est assez molle ; malgré le contexte, on ressent assez peu les conflits. De plus, les scènes sont parfois trop...

le 1 déc. 2022

2 j'aime

Charlotte
KitsuneV
9

Ne retiens pas tes larmes ...

Quelle horrible vie que celle de Charlotte Salomon. Mais quel film magnifique. Chapeau !Balance Ta NoteScénario : 🟢🟢🟢⭕⭕Scénario assez classique. La vie de Charlotte de son enfance à sa mort. Le...

le 20 nov. 2022

2 j'aime

Charlotte
flowrak
7

Critique de Charlotte par flowrak

Un biopic en film d'animation pour la peintre allemande Charlotte Salomon, connue pour ses oeuvres de peinture et qui a vécu les affreusités de la 2nde Guerre Mondiale.D'ailleurs dans Charlotte on...

le 4 sept. 2022

2 j'aime

Du même critique

Watchmen
ChristineDeschamps
5

Critique de Watchmen par Christine Deschamps

Il va vraiment falloir que je relise le somptueux roman graphique anglais pour aller exhumer à la pince à épiler les références étalées dans ce gloubiboulga pas toujours très digeste, qui recèle...

le 18 déc. 2019

20 j'aime

3

Chernobyl
ChristineDeschamps
9

Critique de Chernobyl par Christine Deschamps

Je ne peux guère prétendre y entendre quoi que ce soit à la fission nucléaire et, comme pas mal de gens, je présume, je suis bien contente d'avoir de l'électricité en quantité tout en étant...

le 9 sept. 2019

13 j'aime

5

La Vérité sur l'affaire Harry Québert
ChristineDeschamps
2

Critique de La Vérité sur l'affaire Harry Québert par Christine Deschamps

Un livre que j'avais vraiment dévoré adapté en minisérie par le maître Jean-Jacques Annaud. Il y avait de quoi être impatiente, même sans avoir vu le moindre teaser indécent de TF1, chaîne dont je...

le 24 déc. 2018

9 j'aime

3