Challengers
6.6
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Film de Luca Guadagnino (2024)

Non mais là ça ne va pas être possible en fait. Qu'est-ce que vous trouvez à ce film, les gens ? Pourquoi il a plus de 4 de moyenne (sur 5) sur letterbox ? Pourquoi ma timeline twitter queer aime ce film ?


Non parce que franchement, j'ai passé un très, très, très mauvais moment devant, et j'en suis sorti en colère. Sur le papier pourtant, pourquoi pas :

- Guadagnino, j'aime pas tout, loin de là; je déteste Call me by your name, déjà un film avec un discours sur le sexe et le désir homosexuel particulièrement cringe mais surtout avec un gros gros problème de mépris de classe. Son remake de Suspiria, étonnamment, ça passait (peut-être que j'étais bien luné ? en tout cas il en fait un truc un peu personnel et très différent du Argento, j'ai aimé cette démarche). Bones and all, là encore vraiment j'en ai aimé une certaine radicalité, un désir de se confronter à un sujet vraiment glauque et gore sans tourner les talons ou reculer devant les effets sanguinolents. Donc ce film-là aurait pu aussi passer, après tout on pourrait se dire qu'il fait comme Bones and all (d'ailleurs le film partage pas mal de choses avec lui) et qu'il traite un sujet de société qui baigne dans le consumérisme, le capitalisme et la vulgarité en épousant ces formes là

- Trent Reznor / Atticus Ross : j'aime bien leur travail habituellement, mais là, overdose de mêmes titres plaqués sur les images de façon ultra intempestive je n'en pouvais plus. j'essaie de réécouter la bande son seule, c'est moins pire mais c'est pas folichon et ça reste aussi putassier que du Gesaffelstein, du Justice ou du Boys Noize.

- les acteurs : bon, là déjà ça coince un peu, j'aime beaucoup Josh O Connor et c'est d'ailleurs lui qui s'en tire le mieux ET côté jeu, ET côté personnage (quoi que, la fin...), mais Zendaya elle joue pas très bien en vrai, elle a zéro nuance et 3 expressions au compteur, pas des masses de charisme non plus (le physique ne suffit pas) et ce film le confirme, et le twink chelou là je sais même pas qui c'est. En plus on a pratiquement aucun second rôle, aucun autre personnage qui soit développé c'est étouffant.

- le tennis : alors là j'adore, mais faut quand même avouer que rares sont les films qui arrivent à rendre ce sport vraiment passionnant narrativement et en termes d'enjeux cinématographiques. L'Inconnu du Nord Express et Bridesmaids sont bien sûr les deux exceptions notoires.


Maintenant il reste le film tel qu'il se présente à nous, et c'est là que le bât blesse. Déjà ça dure 2h12, dont 1h45 facile de ralentis et de gros plans en 4K ou Imax pour bien nous montrer leurs pores et leur sueur qui dégouline, et c'est pas très ragoûtant. Si vous trouvez ça sexy, moi pas comprendre. Si je devais résumer ultra schématiquement, en fait je trouve que le tennis est filmé comme un mauvais boulard (débauche d'effets de manches et d'acrobaties de caméra et de numérique moche, avec la balle qui fonce sur la caméra, la caméra subjective, etc. Il essaie de nous faire gerber ou bien ?), et que tout ces plans de gens qui tournent la tête à gauche ou à droite au bout d'un moment, ça saoûle. L'autre problème, c'est qu'au début je me dis "ah bonne idée de prendre deux joueurs qui auraient pu être bons mais qui en fait sont médiocres, et de les faire s'affronter dans un tournoi de seconde zone, ça permet aux acteurs de jouer pour de vrai sans être totalement ridicules", et en fait y en a un des deux qui est censé avoir gagné je sais pas combien de tournois du Grand chelem ? L O L. En plus de ça, Josh O Connor qui sert comme dans les années 80 là, c'est un big no.


Mais passons, le tennis au ciné, c'est casse-gueule donc que le film se casse la gueule là dessus, pourquoi pas (même si la dernière séquence est particulièrement abominable de laideur et de bêtise filmique).


Non, le gros souci c'est tout le reste. Les scènes d'intimité qui sont pas du tout sexy, le film qui nous queerbait du début (de la BA même) à la fin, les mecs sont pas du tout amants en fait, y a pas vraiment de tension sexuelle entre eux sauf d'un seul coup à la fin, et les scènes des culs sont hyper soft, très hétéros à part... un bisou (!) et une scène de vestiaire à peu près sympa. Que de l'esbroufe, une espèce de frisson gay pour hétéro, tout ce que je déteste. Mais en plus le discours sur la séduction et le consentement est juste.... ultra gênant ? Le baiser forcé ou par surprise dans la séquence du date ? Josh O Connor qui se comporte en gros forceur avec Zendaya jusqu'à ce qu'elle cède à grands renforts de "je sais que c'est ça que tu veux au fond de toi", ce giga discours de violeur là ? Please, on est en 2024, c'est absolument pas possible de faire un truc pareil. Et la métaphore du tennis comme d'un coït jusqu'à ce ridicule orgasme / câlin / fin qui tranche pas là ? Urgh.


Le tout pendant 2h15 de dialogues ANEMIQUES de bêtise, écrits par un collégien teubé, et avec une musique de crétin en boucle qui surgit n'importe quand pour "booster" les séquences comme une gorgée de red bull... ah, et puis cette manie de TOUT SURLIGNER en permanence, les bananes, les churros, les symboles phalliques pas du tout subtils tous les deux plans, le coup du service avec une signification secrète que tu vois pas duuuu touuuuuut venir à des kilomètres... la moindre scène qui dure 3 fois plus que ce qu'elle devrait durer... haaaaaa rien que d'y repenser et d'écrire ça me fait pas du bien ça m'énerve encore plus putain c'était tellement de la grosse merde bordel.

Y a rien de rien de rien qui va, jamais, nulle part.

Krokodebil
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le 2 mai 2024

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