Challengers
6.6
Challengers

Film de Luca Guadagnino (2024)

Le grand public découvrait Luca Guadagnino avec Call Me by Your Name et son petit succès critique qui a fait beaucoup d'effet.

C'était en 2018. Déjà.

Une époque révolue, peut être, pour le cinéaste.

Car dès son œuvre suivante, un Suspiria new look, il semblait avoir perdu de son mojo, remplaçant les élans émotifs de son magnum opus par une esthétique très léchée, une ou deux scènes choc, mais plus encore par nombre de balourdises et de maladresses.

Malheureusement, Challengers semble aujourd'hui confirmer ce qui ressemble, à la sortie de la salle, à une descente d'organe. Bien que les scènes de sport emportent souvent le morceau.

Car on se demande tout d'abord comment Guadignino a pu rater à un tel point sa relation sentimentale mise en scène, aux allures de bromance trioliste. En effet, devant un tel sulfureux de Franprix, comment ne pas penser aux plus belles heures de la série française Extrême Limite, ou, pour rester dans le sujet de la discipline tennistique, aux intrigues pleines d'hormones adolescentes de 15/A ?

Ensuite, parce que le masqué n'a cru que très moyennement aux aller-retours entre ces trois-là, dès lors qu'il imaginait mal que le personnage de Zendaya, décrite comme une killeuse, puisse s'intéresser très longtemps à ses deux comparses qui n'étaient pas, et ne sont jamais, à la mesure de son ambition et de son talent.

Et qu'il s'est retrouvé devant non pas une saga sportive épique, mais une simple histoire de coucheries sur fond de court et de concours de qui a plus grosse raquette en main, ayant comme maîtresse de cérémonie une Zendaya soit allumeuse, soit boudeuse, aux allures de reine qui s'ennuie sévère devant le spectacle qu'elle a pourtant produit elle-même à grands frais.

Et histoire de rallonger une sauce un peu trop juste, Guadagnino opte pour un montage ampoulé d'un unique match farci de flashbacks parfois un peu mous. Soit une structure qui avait participé à l'enthousiasme suscité l'année dernière par The First Slam Dunk, mais qui aujourd'hui peine à sauver le film, en croyant sertir à son intrigue des retournements de situations assez faisandés.

Challengers se paie même le luxe de ne traiter son personnage principal qu'en surface, faisant tout simplement l'impasse sur le trauma de sa blessure et son rêve brisé, qui aurait pu apporter une dimension supplémentaire à sa relation avec ses deux petits blancs. Et si certaines confessions font parfois mouche dans l'aspect psychologique de Challengers, celui-ci se contente de faire de sa figure de proue, au final, une sorte de vilaine sorcière qu'il faudra nécessairement abattre au terme d'un dernier set d'un ridicule achevé qui fait beaucoup de mal au film. Encore plus que la bande originale hors-sujet aux allures de musique de discothèque campagnarde des années quatre-vingts.

Il n'y aura donc que quelques scènes de sport, plutôt inspirées, qui sauveront Challengers de la roue de vélo, comme certaines scènes intimistes tardives qui essaient enfin d'embrasser l'intériorité de ses protagonistes.

Mais trop peu, et surtout trop tard, pour envisager une qualification à un grand chelem du cinéma...

Behind_the_Mask, un trou dans la raquette.

Behind_the_Mask
4
Écrit par

Créée

le 1 mai 2024

Critique lue 96 fois

6 j'aime

2 commentaires

Behind_the_Mask

Écrit par

Critique lue 96 fois

6
2

D'autres avis sur Challengers

Challengers
Plume231
1

Jeu, sexes et splash !

Alors deux informations à savoir avant, éventuellement, de regarder ce film : premièrement, pour les homosexuels et les femmes hétérosexuelles, on voit quelques bites et quelques culs masculins,...

le 25 avr. 2024

42 j'aime

7

Challengers
Yoshii
6

Les prisonniers de Zendaya

Challengers n'est peut être au fond qu'un stigmate, une cicatrice sur un genou, striant une peau au grain délicat, l'empreinte symbolique d'un "Call me by your Name" qui tel un fardeau sert...

le 27 avr. 2024

31 j'aime

11

Challengers
mymp
6

Jeu, sexe et match

On connaît désormais l’équation (complexe ?), on sait la formule (magique ?) : deux garçons, une fille, trois possibilités. Soit, dans Challengers, Art et Patrick, amis d’enfance devenus rivaux de...

Par

le 12 avr. 2024

15 j'aime

Du même critique

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

204 j'aime

54

Star Wars - Les Derniers Jedi
Behind_the_Mask
7

Mauvaise foi nocturne

˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...

le 13 déc. 2017

189 j'aime

37

Logan
Behind_the_Mask
8

Le vieil homme et l'enfant

Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...

le 2 mars 2017

183 j'aime

25