Commencé par Josef von Sternberg qui quitta le tournage pour différents artistiques, le film fut repris (recommencé ?) par Borzage. Lui même dut céder sa place à W.S. Van Dyke après une longue interruption de tournage de plusieurs mois pour remplacer une partie du casting.
Bref pas facile de savoir qui a fait quoi et l'histoire se tient assez bien même si on sent que certaines sous-intrigues ont presque entièrement sautés comme Jack Carson dont il ne reste plus qu'un seul plan dans le montage final.
On peut supposer qu'il ne reste plus rien de Sternberg dont on imagine qu'il voulait donner une tonalité plus sociale et réaliste à cette intrigue où un médecin des faubourgs populaires sauve du suicide une aristocrate ayant connu un chagrin d'amour. Pour retrouver un sens à sa vie, celle-ci devient infirmière dans la clinique de son nouvel ami qui ne tarde pas à lui déclarer son amour.
A part un plan assez furtif (et saississant) tourné en pleine rue ,grouillante de monde et d'activités, le film est donc un pur produit du système hollywoodien, notamment le style propre et lisse de la MGM.


Malgré les nombreux reshoots de Van Dyke, on sent surtout la sensibilité de Borzage avec une histoire d'amour vraiment touchante pour une approche à la fois pudique et noble des sentiments, loin des dérives mélodramatiques qu'on aurait pu craindre légitiment à la lecture du synopsis. Le traitement de la relation entre Spencer Tracy et Hedy Lamarr parvient même à contourner un certains nombres de clichés et conventions de la seconde partie en rendant les péripéties moins mécaniques et plus humaines. La direction d'acteur y est pour beaucoup, refusant une interprétation exubérante et appuyée. Les comédiens ont un jeu beaucoup plus intériorisé et feutré, perpétuellement intimidé et presque gênée par l'évolution de leurs sentiments. Le film trouve vraiment par moment une certaine grâce et un discret lyrisme que l'étalage de bons sentiments de la dernière ligne droite ne parvient pas à affaiblir.
Malgré sa production chaotique, I take this woman mérite d'être réévalué et redécouvert.

anthonyplu
7
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le 7 oct. 2016

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