Cette vision du dernier film de la période mélodramatique de Daves témoigne une fois encore la grande cohérence d’ensemble de son œuvre, mais confirme également le bloc parfait que forme cette sorte de saga sur l’amour en 4 films : A Summer Place, Parrish, Susan Slade et Rome Adventure.
Ces quatre œuvres sont intrinsèquement liées, raccrochées entre-elles par les mêmes thématiques, par une même esthétique, par les mêmes acteurs. Les mêmes éléments symptomatiques aussi. Fascinant de voir qu’à chaque fois le désir se niche dans un pull-over rouge, dans des yeux bleus étincelants, dans la blondeur d’une chevelure,… Même musicalité aussi, quelque chose que l’on peut trouver chez Ozu par exemple, ou chez Sirk. Mais rien qui ne soit vraiment semblable à cela. Un mélodrame de Daves ne ressemble à rien d’autre sinon un à un mélodrame de Daves.
On pourrait résumer ça en un mélange de douceur, de candeur, presque de mièvrerie parfois, mais contrebalancé par des éclats hallucinants de modernité, dans l’approche morale et psychologique des personnages, dans la relation au sexe, et dans la retranscription de sentiments exacerbés.

Au sein de cette saga, Susan Slade constitue probablement la pièce la plus mélodramatique. Daves semble respecter la tradition et les codes du genre. Pour le coup, le film, tout en restant très éloigné, se rapproche de Sirk bien plus que les quatre autres opus. C’est un vrai mélo, ce qui implique aussi une écriture un peu plus chargée que les autres films, et qui enlève un peu de fraicheur à l’ensemble.
Là encore, se qui est frappant, c’est justement l’opposition des tons que le cinéaste parvient à faire tenir dans un même plan. Le mièvre côtoie le trash (certains plans, certains hors champ, sont incroyables de noirceur), la douceur infini de la mise en scène caressante fait face à des excès soudains de violence psychologique et morale qui vont parfois très loin. Et tout ça sans jamais relever de la cruauté vaine ou du cynisme bas de gamme, et en étant toujours abordé avec un profond humanisme.
L’histoire est trop complexe pour s’y attarder ici, et ça n’aurait guère d’intérêt, mais pour la résumer en deux mots, au centre du film il y a une jeune fille, entourée de ses parents, de trois hommes, et d’un bébé.
A signaler à nouveau la très grande beauté visuelle du film. Une mise en scène composée de plans toujours très étudiés, que ce soit au niveau des utilisations des couleurs (à part chez Minnelli, il n’y a certainement pas beaucoup d’équivalence à ce niveau-là) ou des mouvements dans l’espace.
Un peu moins de grands paysages extérieurs ici, mais les quelques présents sont magnifiquement filmés : un bout de désert au Chili, un océan, un bord de plage à Monterey (où se situe la grande partie du film) et le lac Atitlán au Guatemala.
Encore une très belle réussite.
Teklow13
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le 2 juil. 2013

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Teklow13

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