Cet exercice de style constipé, aussi vain qu'artificiel, dont le seul rythme s'impose par les clapotis du clavier et des notifications, est d'une froideur et d'une vulgarité consternantes. Ni la mise en scène ni les acteurs n'arrivent à susciter la moindre émotion : on recherche désespérément une tension amoureuse, une harmonie virtuelle ou des sympathies mystérieuses à travers l'écran. Rien, calme plat, ennui absolu. Le personnage principal n'est qu'un fantôme exaspérant, celui d'une adolescence aussi pauvre sentimentalement que médiocre dans l'expression, qui hante un corps vieillissant. Pourtant, l'amour virtuel n'est pas inconsistant. Il n'est fait de smileys dérisoires et d'excitations puériles que dans l'imagination des plus de cinquante ans. Il est au contraire fait de silences, d'éloignement, d'une parole souvent volubile et de conversations profuses, d'écrits et de liens (musique, articles, sujets d'actualité, etc,...), renvois constants au monde réel. On voit que le réalisateur lorgne sur ce sujet actuel, celui de l'amour virtuel, avec un regard bien trop étranger et incompétent pour ne pas sombrer dans une vulgarité auxquelles des impasses formelles le condamne bien trop ostensiblement : ainsi, le jeu malheureux et très netflixien avec les fins et les vérités alternatives enlève toute substance au film, sans parler du télescopage avec les Liaisons dangereuses dont on se demande s'il n'est là que pour rappeler, par contraste, l'inanité du film. Dans "Celle que vous croyez", aucun amour, aucune conversation -- dont les réseaux marquent pourtant une sorte de retour --, seulement le cinéma soporifique d'un corps vieux désirant un corps jeune.

Créée

le 8 mars 2019

Critique lue 1.6K fois

11 j'aime

2 commentaires

Critique lue 1.6K fois

11
2

D'autres avis sur Celle que vous croyez

Celle que vous croyez
Cinephile-doux
7

L'emprise de la passion

Ah, si Hitchcock avait connu les entrelacs des réseaux sociaux, comme il aurait jubilé d'en tirer des scénarios pervers pour le plus grand plaisir de son public. Celle que vous croyez n'est pas digne...

le 28 févr. 2019

21 j'aime

Celle que vous croyez
insulinesoundsystem
1

L'impossible beauté de la toile

Cet exercice de style constipé, aussi vain qu'artificiel, dont le seul rythme s'impose par les clapotis du clavier et des notifications, est d'une froideur et d'une vulgarité consternantes. Ni la...

le 8 mars 2019

11 j'aime

2

Celle que vous croyez
Sofian_DeRochdi
8

Demande d'ajout

Histoire/Scénario : Un drame en plein dans l’actualité. L’histoire de cette femme est bien ancrée dans notre époque, l’ère des réseaux sociaux. Mieux, ce film permet de dégager quelques...

le 2 mars 2019

9 j'aime

Du même critique

Convoi exceptionnel
insulinesoundsystem
1

Critique de Convoi exceptionnel par insulinesoundsystem

Je suis sorti de la salle à la suite de ce dialogue que je reproduis de mémoire : comment dois-je le tuer ? en lui tordant le kiki jusqu'à son dernier orgasme

le 18 mars 2019

2 j'aime

La Lutte des classes
insulinesoundsystem
3

Critique de La Lutte des classes par insulinesoundsystem

Filmer la manière dont l'école publique et son monde broie les vies humaines semblait une bonne idée de départ. Malheureusement, le rythme humoristique ne tient pas plus de 15 minutes. De plus si,...

le 6 avr. 2019

1 j'aime

1