Ce qu'il restera de nous
6.1
Ce qu'il restera de nous

Court-métrage de Vincent Macaigne (2011)

Hormis la scène d’ouverture, qui donne à entendre les propos à peine articulés tenus par un inconnu (Thomas Blanchard) appuyé au comptoir d’un bar, l’ensemble du premier moyen-métrage tourné par Vincent Macaigne, lors d’une résidence à Orléans, sera vociféré.


Des vociférations proférées par Thibault (Thibault Lacroix) - les personnages portent le prénom de l’acteur qui les incarne -, artiste raté en rupture de ban qui abritait ses nuits dans une R5 « cramée » par ses soins, jusqu’à ce que celle-ci soit emportée à la fourrière. Dans un monologue assez savoureux, le jeune homme déverse sa philosophie nietzschéenne sur un Dan Artus abasourdi, avant de gagner la demeure paternelle en traînant ce qu’il a pu sauver de sa voiture-maison, un pot d’échappement, en guise de bouquet mortuaire. Son père, qui le soutenait financièrement, vient en effet de mourir, si bien que, au cœur de cette maison qui, contre toute attente, est intégralement léguée au fils prodigue, se jouent des retrouvailles fraternelles orageuses. Un orage qui en allumera un autre, entre ce frère (Anthony Paliotti) et sa volcanique épouse (Laure Calamy)…


Sur les rives très cinégéniques d’une Loire imperturbable, Vincent Macaigne filme ces personnages dont l’existence est loin de se montrer aussi paisible et continue. Malgré le caractère un peu imprévu, bricolé, du tournage, l’acteur-réalisateur, ici également au scénario, à l’image puis au montage, révèle un sens aigu des dialogues aussi bien que du cadre et s’autorise à hurler une difficulté d’être, exacerbée par les ruptures en chaîne que peut occasionner une vie qui se dissout et sombre dans le néant. Une réalisation survoltée et hypersensible, bien à l’image de son créateur, et qui pourra heurter, ou au contraire charmer, pour peu que l’on n’envisage pas l’existence comme un long fleuve tranquille…

AnneSchneider
8
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le 10 août 2021

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Anne Schneider

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