Avec Cars, John Lasseter signe son retour à la réalisation, rôle qu'il n'avait plus occupé depuis 1999 et sa course contre la montre pour réaliser à temps Toy Story 2. Joe Ranft, historique de la maison, occupe le rôle de co-réalisateur et de co-scénariste pour ce qui sera son dernier projet avant qu'il ne disparaisse tragiquement en pleine production à cause d'un accident de voiture (ironie dramatique, quand tu nous tiens...). Cars raconte l'histoire d'une voiture de course, qui à l'aube de la course décisive de la saison, se perd dans la petite ville de Radiator Springs.
Déjà mon plus gros problème avec le film, c'est que je n'adhère pas du tout au fait de voir des voitures vivantes, depuis six films, Pixar nous avait habitué à des éléments hors du commun mais en gardant le tout ancré dans un monde humain, même Monstres & Cie nous expliquait l'existence des monstres avec le système des portes et de l'univers parallèle. Ici, on est dans un monde humain où ces derniers sont remplacées par des véhicules de toutes sortes, tant qu'ils ont un moteur, tracteurs, voitures, hélicoptères, avions (qui auront d'ailleurs quelques années plus tard un spin-off, mais chez Disney), mais pas de fauteuils électriques ni de vélos à moteur. Bref on peut considérer ça comme un manque d'imagination de ma part, mais je considère que celle-ci fonctionne au contraire beaucoup trop, c'est juste que ce monde là manque de crédibilité, imagination ou pas.
La première partie du film est d'une nullité complète, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le film, d'une part pour la raison évoquée plus haut, mais aussi car le personnage de Flash McQueen (qui doit son nom à Glenn McQueen, un historique de chez Pixar, décédé en 2002) est juste imbuvable, sérieusement en sept films, c'est le premier gros raté de Pixar à ce niveau là, ça me rappelle d'ailleurs la description du personnage de Woody dans les premiers drafts du script de Toy Story. Son évolution semble beaucoup trop forcée, ce qui en fait clairement le point faible du film.
En revanche les personnages secondaires sont très réussis, et me donneraient bien envie d'acheter leurs figurines, enfin si j'avais du fric et une belle maison pour les exposer, mais c'est autre chose, d'ailleurs si vous êtes millionnaires, homme ou femme, envoyez moi un message privé. Ben oui je me prostitue pour du fric, mais n'est-ce pas un peu ce que fait Pixar avec ce film, tenter par tous les moyens de faire un carton sur le marché des produits dérivés et délaisser du coup le développement des personnages ? Car plus il y en a, plus de fric ça rapportera.
Visuellement le film est juste époustouflant, et c'est sur ce point que s'illustre le mieux la sincérité de Lasseter vis-à-vis de son film, qu'il a imaginé à la suite d'un road trip avec sa famille, et pour le coup c'est totalement ce que le film arrive à un vendre, une plongée au cœur d'une ville oubliée des États-Unis, et sans ces voitures vivantes, on s'y croirait vraiment, l'ambiance est clairement le plus gros point du film tant il est immersif. Plus le film évolue il plus il gagne en qualité. Durant la deuxième partie du film, on est de retour à l'apogée de Pixar, les événements s'enchaînent, et Flash devient un personnage beaucoup plus appréciable, on a aussi un belle morale pour couronner le tout.
Au final, Cars est à la fois la première sortie de route de Pixar, mais une sortie de route rattrapée avec brio dès la seconde partie du film. Le film ressemble beaucoup trop à un Disney, et semble en partie réaliser dans un but purement commercial, ce qui a marché car ce sont ces produits dérivés qui ont fait le succès du film, qui fut un petit échec au box-office, ne parvenant qu'à dépasser le premier Toy Story et 1001 Pattes en terme de recette mondiale. Clairement, Cars est le Pixar que j'ai le moins apprécié jusqu'à présent, visant plus que les autres un public très jeune, ce qui peut facilement rebuter le public adulte habituel, mais franchement je m'attendais à bien pire en lançant le revisionnage, par contre c'est triste de voir que c'est ce film qui a bénéficié d'une suite et pas... au hasard... les Indestructibles, mais bon, même chez Pixar, c'est une question d'argent aussi.