Carrie
5.7
Carrie

Téléfilm de David Carson (2002)

Ma critique du téléfilm "Carrie"

C’est en 2002 qu’est sorti le tout premier remake de Carrie de Brian DePalma, ou la seconde adaptation cinématographique du premier roman de Stephen King, dépendant dans quel sens vous préférez voir le film. La version de DePalma était excellente sans toutefois être parfaite. La venue d’un remake était une bonne occasion pour corriger les quelques défauts de l’ancien Carrie et d’offrir du même coup, un produit surpassant l’original. Ce téléfilm de David Carson se veut une oeuvre plus longue que le film de 1976. Mais est-elle plus fidèle et de meilleure qualité?


La vie de Carrie White est sur le point de changer. Jeune adolescente introvertie et risée de tous à l’école, Carrie découvre qu’elle possède des dons de télékinésie. Lorsqu’elle est finalement invitée au bal de fin d’année par le beau Tommy Ross, Carrie ne se doute pas que quelques-uns de ses camarades lui réservent une bien mauvaise blague. Toutefois, la soirée tournera au drame.


Alors que Brian DePalma coupait les coins ronds sur certains éléments du roman de King, la version de David Carson, possédant 34 minutes de plus que son prédécesseur, à la brillante idée d’enfin les figurer dans l’histoire. Ces éléments rajoutés sont visibles dès les premières secondes du film, et ce, pour le plus grand plaisir des admirateurs de Stephen King. La pluie de météorites tombant du ciel démarre le long-métrage et annonce la volonté de faire une version plus fidèle au roman, et différente au film de 1976. Le spectateur peut également apprécier les scènes où Carrie pratique ses pouvoirs de télékinésies à l’école et dans sa chambre en faisant déplacer des objets, alors que dans la précédente version, DePalma ne s’attardait pas sur ce genre de détails. On a aussi droit à la fameuse scène qui se situe après le massacre du gymnase, lorsque Carrie traverse la ville pour retourner chez elle. Encore une fois, le film de 1976 était amputé de cette scène, mais est bel et bien présente dans la version de 2002. Finalement, l’approche narrative est également plus fidèle au roman quoique différente. Ceux qui ont lu le roman de Stephen King savent que l’histoire de Carrie est constituée d’articles de journaux et de citations de livres traitant de Carrie White. Dans la version de David Carson, le tout est remplacé par un interrogatoire au poste de police. L’histoire de Carrie étant finalement raconté du point de vu de plusieurs étudiants et professeurs.


D’un autre côté, David Carson veut tellement faire différent de son prédécesseur qu’il se tire dans le pied par la même occasion. DePalma avait su transposer de manière magistrale l’âme du roman sur grand écran. Son remplaçant faillit à cette tâche. L’éveil à la sexualité et à l’adolescence, le fanatisme religieux de Margaret White, toutes ces choses qui rendaient à la fois fascinant et effrayant le film de 1976 sont balayés du revers de la main. Les scènes avec la mère de Carrie ne sont jamais perturbantes. On ne sent pas que la religion prédomine dans la maison des White et que la mère soit une réelle menace pour sa fille. La classique scène d’intro de la douche de Carrie 1976 est remplacée par une banale scène de douche pudique et sans intérêt. Il ne reste qu’au final la vengeance de Carrie et la méchanceté des autres adolescents qui en découle. Le tout est agrémenté d’un “happy ending” qui vient à l’encontre des conventions de l’horreur, et de la vision de l’auteur du roman.


Outre les défauts scénaristiques, Carrie 2002 possède un visuel complètement bâclé qui n’inspire en rien l’horreur du film. Là où Brian DePalma a fait coup de circuit, David Carson ne prend même pas la peine d’aller au marbre. Ce dernier reste assis sur son postérieur et pense que le scénario suffit à rendre le film effrayant. C’est ainsi qu’on remarque l’absence totale d’effet de couleur ou de lumière pour venir soutenir l’ambiance visuelle des scènes. Le directeur de la photographie nous offre un éclairage naturel, monotone et qui ne supporte en rien l’action se déroulant devant nos yeux. Au bout du compte, la lumière n’offre aucune personnalité au film et le spectateur aura l’impression de regarder un ancien épisode de Virginie. Le seul effet visuel que le réalisateur nous offre, ce sont des angles insolites qu’il se sert en trop grand nombre dans son film. David Carson l’utilise pour pratiquement toutes les scènes de Carrie, comme si chacune d’elle était une anomalie de la réalité. Une surutilisation de ce procédé en fait perdre toute sa valeur esthétique.


Dans un même ordre d’idées, les effets spéciaux viennent rajouter une couche de laideur dans ce tableau très peu inspirant. En effet, on a droit à de très mauvais effets CGI qui viennent gâcher la plupart des scènes qui les exploitent. C’est ainsi que le massacre du gymnase devient d’un ridicule sans nom alors qu’elle doit être horrifique. On voit divers objets voler dans les airs, des lumières qui tombent du plafond, etc., tout ça en CGI. La scène suivante, lorsque Carrie se promène dans la ville, est générée en grande partie par des effets par ordinateur. On ne fait pas que voir les effets CGI... on les sent... on les goûte tellement ils abondent de partout. Carrie 2002 prouve que le CGI ne remplacera jamais les effets fabriqués à la main.


J’aimerais dire qu’Angela Bettis joue ici le rôle de sa carrière, mais je mentirais rendu là. L’actrice qui s’est démarquée dans May, offre une prestation correcte, mais souvent surjouée. Ses mimiques alors qu’elle se met en transe télékinétique sont plus de l’ordre de la comédie que de l’horreur et nous font regretter la justesse du jeu de Sissy Spacek. Dans le rôle de la Margaret White, on retrouve Patricia Clarkson qui n’arrive pas à la cheville de Piper Laurie. L’actrice ne fait que dire ses lignes de dialogue sans y croire une seconde. J’ai également détesté le nouveau Billy Nolan, anciennement joué par John Travolta. Jesse Cadote l’interprète ici comme étant un fou dangereux qui n’aurait pas toute sa tête. Les seuls personnages qui ont attiré mon attention dans cette nouvelle adaptation sont Chris Hargensen (Emilie de Ravin) et le directeur d’école. Un peu décevant quand on y pense bien!


Même si la version de David Carson est plus "fidèle" au roman de Stephen King que ne l'est la version de DePalma, elle n'arrive malheureusement pas à la cheville de cette dernière. Carrie 2002 n’a aucune personnalité propre, n’étant qu’un produit commercial et anti-artistique conçu pour la télévision. Le seul point positif qui ressort de mon expérience avec Carrie 2002, c’est que le téléfilm m’a permis d’apprécier davantage la version de 1976, transformant ses défauts en qualité. Merci à toi David Carson!

VHS_Guy
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le 1 oct. 2017

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