Jacques Doillon a une manière de travailler qui tranche avec celle des autres réalisateurs. Il emploie le plus souvent des acteurs non-professionnels et les fait participer à l'élaboration du scénario. C'est aussi quelqu'un qui reste un auteur, beaucoup trop rare de nos jours, et n'arrivant plus à monter ses projets. D'ailleurs, il ne tourne plus beaucoup aujourd'hui.

Carrément à l'ouest est la synthèse de tout ça. La mise en scène, le plus souvent caméra à l'épaule, est très simpliste. Ça se passe soit dans la rue soit à l'hôtel. Le film est essentiellement dialogué. Doillon dit aimer écrire des dialogues mais tout cela indiquerait le manque de moyens que ça ne m'étonnerait pas.

En ce qui concerne l'histoire en elle-même, Doillon s'est spécialisé de longue date dans l'étude des rapports entre les enfants, la jeunesse en générale, et la société. On le voit dans Ponette, Un sac de billes, Le petit criminel, etc, etc. Ici, il dresse le portrait de trois banlieusards, désœuvrés, qui s'ennuient, et dans une suite d'un hôtel luxueux, se posent des questions sur un avenir professionnel et sentimental bien ombrageux. On sent bien que les acteurs sont loin d'être chevronnés en particulier Guillaume Saurrel pour qui il s'agit de son premier rôle et Lou Doillon, la fille du metteur en scène et de Jane Birkin, qui a vu sa carrière se lancer après ce film. De leurs interprétations ressort un côté naïf, touchant, authentique, rafraîchissant, et qui fait du bien.

On flirte par moment avec les clichés sur le langage de la banlieue (un gros mot toutes les deux phrases) mais Doillon est suffisamment expérimenté pour nous livrer une histoire d'amour un peu complexe à suivre, à cause des différents cheminements de pensées de ses personnages, mais sincère au final. On peut y être réfractaire mais ce côté vécu reste intéressant.
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le 6 juil. 2014

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