Carnage
6.8
Carnage

Film de Michael Ritchie (1972)

N'ayant jamais entendu parler de ce film, je ne l'ai regardé que parce Gene Hackman et Lee Marvin s'y trouvaient...
La séquence d'ouverture annonce le ton: on y suit en effet le parcours du bétail, en provenance des champs immense du Kansas jusqu'à la destination finale: l'abattoir.
Le "sas" s'ouvre, la vache rentre tandis que la porte métallique se referme derrière elle.
L'homme se tient au-dessus avec son pistolet d'abattage, le pose sur le front du bovidé et tire (hors-champs).
La pointe en acier pénètre dans le crâne...
Mais le patron vient prendre la relève.
Le sas s'ouvre.

On aperçoit furtivement un corps humain nu


.
La porte d'acier se referme.


Le patron prend un merlin et l'abat violemment sur le malheureux (hors-champs).


Ensuite, nous suivons le cheminement de toute viande: équarrissage, découpage à la scie mécanique, broyage puis -suivant les morceaux traités- transformation en steak haché ou en saucisse.
A l'atelier de fabrication des saucisse, le patron vient à nouveau prendre la relève: il suit la cadence de la machine à l'aide d'un chronomètre, puis retire deux ou trois chapelets, les emballes dans du papier et appose l'étiquette pour le destinataire.
Il y est mentionné: Chicago.

Et une partie de l'inconnu d'être expédié à cette adresse


...


C'est par cette longue séquence glauque, que commence le film. Le ton est donné...
Nick Devlin (magnétique Lee Marvin) est chargé par son patron, d'aller récupérer la somme de 500.000$ chez un gangster surnommé Mary-Ann (Gene Hackman, homme ne faisant aucune distinction entre un humain et un animal).
Nick a la mauvaise surprise de trouver une exposition particulière, dans de multiples petits enclos avec de la paille:

il s'agit de jeunes femmes


...
En vente aux plus offrants...
Car non content de diriger avec son frère le "fameux" abattoir,


il fait aussi l'élevage de jeunes filles.


Devlin en prends une comme acompte, vu que "Mary-Ann" n'a pas l'argent sur lui. Il choisit une belle rousse aux yeux clairs...
Il m'a fallu quelques scènes de plus, pour reconnaitre Sissy Spacek, tellement elle est loin de l'image de Carrie.
Sissy est en fait une femme magnifique...
Lumineuse...
Fragile...
Désirable...
Nick va la prendre sous son aile, envoûté...Lui offrir une robe splendide (et transparente). L'inviter dans un restaurant chic.

Une scène très tendre s'y passe: devant les trois cuillères de tailles différentes posées à droite de l'assiette, Poppy va hésiter, car elle a toujours vécu dans sa maison "d'élevage" de manière rustique.
Non seulement Nick ne va pas se moquer de la jeune fille, mais il va lui montrer discrètement laquelle choisir. Il fait un geste lent vers celle qui est la plus éloignée de l'assiette, la soulève à peine, fait un demi-sourire et hausse un sourcil.
Poppy ne sera donc pas humiliée, au milieu de ces clients de la "Haute".


Un instant de grâce dans ce film à l'atmosphère suintante et carnée. 

Carnée parce que l'on y "célèbre" la vache sous tous ses aspects: le lait par le biais d'un bovidé en carton-pâte faisant office de "fût" (et le "robinet" est un faux pis à levier), le rodéo consistant à attraper au lasso un veau hébété et bien sûr tout un assortiment de viande sous tous ses aspects...
Ces scènes se déroulant lors de la Foire annuelle sont filmées d'une manière (volontairement) outrancière et arrive presque à en faire ressortir une aura de malaise...


 Et juste après ça, vient la séquence du "tir au lapin", 

les lapins étant Nick et Poppy


.
Silhouettes perdues dans l'immensité blonde des champs de blé, ondulant sous le vent puis en plan serré, les deux fuyards occupent le centre du cadre,


tandis qu'en arrière-plan les dents métalliques d'une moissonneuse rouge sang les poursuivent sans relâche


...


 Pour résumé tout cela, ce fut une grandiose surprise faisant de ce Prime Cut (ceci dit, le titre français est fort bien trouvé) un thriller hard-boiled qui vous prends aux tripes (comme celle que déguste amoureusement "Mary-Ann", lors de la première confrontation avec Nick) et laisse comme un fumet rance, en souvenir de cette œuvre assez particulière.
Franck_Plissken
9
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le 17 juin 2016

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The Lizard King

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