Carnage
6.8
Carnage

Film de Michael Ritchie (1972)

Après À bout portant et Le Point de non-retour, Lee Marvin incarne à nouveau une espèce d’homme de main déterminé à faire triompher sa propre conception de la justice. À nouveau, le film frappe par son atmosphère quelque peu baroque. Michaël Ritchie dresse en effet un portrait au vitriol de l’Amérique profonde avec ses Rednecks, au choix complètement débiles ou crapuleux. L’ouverture du film donne le ton avec un générique sur fond de fabrication de saucisses à base de viandes humaines. On se dit alors que ça va dessouder sévère dans le Kansas, surtout lorsque le toujours aussi minéral Lee Marvin est chargé d’aller remettre de l’ordre dans ce trou perdu. En ordure de première, Gene Hackman se dresse face à lui et la confrontation s’annonce réjouissante.


Finalement, l’amateur de castagne est quelque peu déçu. Les ingrédients sont là mais le réalisateur fait vraiment mijoter. Entre deux superbes plans qui montrent une excellente maîtrise des grands espaces, quelques nichons exposés comme du bestiau, le film a tendance à se montrer nonchalant et surtout très loin du "carnage" annoncé. Une drôle de relation se noue entre le citadin Lee Marvin au grand cœur (mais si !) et une toute jeune Sissy Spacek (pas encore démoniaque), qui oscille entre romance improbable et paternité providentielle. Aussi minimaliste soit-elle, l’intrigue appelait davantage de muscles et d’action que des portraits tout en non-dits des différents protagonistes. Autrement dit, plutôt qu’une parabole tout en paradoxes des citadins et des Rednecks, on se serait parfaitement contenté d’une simple série B plus percutante.


La dernière demi-heure est plus nerveuse et réserve de très jolies scènes. Si celle de la moissonneuse-batteuse se révèle, au final, un brin décevante, la fusillade finale entamée sous l’orage dans les champs de tournesols est d’une grande efficacité. Elle laisse, au générique, un sentiment très mitigé sur l’ensemble. Si les effets de réalisation sont globalement méritoires, le résultat souffre, à mes yeux, d’un faux rythme qui m’empêche d’être totalement emballé. Ce n’est pas la première fois, loin de là, que j’ai du mal à marcher dans ce type de film qui vend de l’action et du mauvais goût à gogo sur le papier mais qui se révèle trop contemplatif. Dommage pour le duo vedette qui est vraiment savoureux.


Play-It-Again-Seb
5

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le 8 juin 2022

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PIAS

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