Du bel ouvrage

Captives est un film fort, qui distille une certaine forme d’angoisse de la première image jusqu’à la dernière, pour employer un mot à la mode on dira que c’est une œuvre malaisante. Le point fort du film, que dis-je, son immense qualité, est bien sûr la formidable partition jouée par l’ensemble du casting essentiellement féminin.

Mélanie Thierry irradie, sa façon d’habiter l’écran, son intensité, son mystère, font d’elle une nouvelle Romy Schneider, la comparaison est flatteuse mais sincère. Les grandes actrices qui l’accompagnent sont toutes à contre-emploi, on se régale à les voir évoluer dans des situations nouvelles pour elles. Josiane Balasko en directrice revêche, Marina Foïs en infirmière frustrée, Carole Bouquet en bourgeoise internée de force, toutes sont à fond dans le projet de Captives.

Mon seul petit regret est que l’on ait donné à Yolande Moreau son rôle habituel de cruche complètement perchée, elle était tellement touchante dans Le Principal aux côtés de Roschdy Zem que l’erreur de casting ne peut pas être brandie, ça frise le manque de respect, faut arrêter avec Les Deschiens .

Captives, un film où il n’est question que de femmes, interprété uniquement par des femmes, est réalisé par un homme : Arnaud des Pallières. D’emblée on a envie d’applaudir, s’attaquer à un tel sujet, l’enfermement des femmes dans les asiles à la fin du dix-neuvième siècle, est une démarche courageuse dans une époque de tous les dangers pour les cinéastes de sexe masculin. La moindre faute de quart et c’est la sortie de piste, comme à Kitzbühel, une pente à 85% ça ne pardonne pas. Le réalisateur a bien eu quelques remontrances car il a montré des femmes hystériques et anorexiques, ce qui ne se fait pas par les temps qui courent, mais grâce à la qualité de sa mise en scène et de sa direction d’actrices il a échappé aux morsures de la meute.

Chapeau Arnaud, c’est du bel ouvrage comme on disait autrefois.