My children shall be philosopher kings

Sélectionné à Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard, Captain Fantastic est le second long métrage de Matt Ross. Ce fut pour moi une des plus belles surprises de ce Festival 2016 (et par surprise j’entends confirmation que Viggo Mortensen fait souvent les bons choix).

Ben - Captain Fantastic, Père absolu, chef de clan – élève sa marmaille dans une forêt perdue des États-Unis, loin de la société (capitaliste de consommation). Ils courent, chassent, pêchent et lisent beaucoup, des essais politiques à la physique quantique. Cette belle famille d'érudits semble pouvoir débattre de tous les sujets, sans jamais être entravée par les tabous ou l’ignorance. Puis la maman malade se suicide à l’hôpital et tous décident de monter dans Steve, leur bus aménagé, pour aller assister à ses funérailles. C'est le choc de culture entre ces enfants marginaux (depuis leurs noms jusqu'à leurs accoutrements en passant par une culture bien éloignée des masses) et le reste de leur famille qui donne lieu à des situations de toutes sortes. Seulement, dans son extrémisme, le personnage de Ben est finalement assez inquiétant. C'est sa remise en question par ses proches, ses enfants et finalement par lui-même, qui permet de faire avancer le schmilblick. Suivant l'un des grands principes du road-movie, il progresse intérieurement en même temps que la route défile. On peut célébrer la naissance de Noam Chomsky en mangeant du gâteau au chocolat et élever des gens biens dans une maison conforme. Au final, ce qui aurait pu être un film utopiste, brasseur d'air et moralisateur n'est rien d'autre qu'un beau portrait de vie. La photographie est à l'image de ses personnages, haute en couleurs et pleine de convictions. La bande sonore, superbe, entre le leitmotiv de Sigur Rós et les chansons écrites par Mr Mortensen (le gamin qui joue de l'harmonica est faiseur-de-bonheur).

Un très beau film, ode à la tolérance et à l'éducation.