Candyman premier du nom avait, entre autres, cette énorme qualité d'accorder parfaitement sa narration à son sujet : les légendes urbaines, ces rumeurs macabres qui constituent une grande part du folklore moderne des Etats-Unis (j'en ai parlé plus longuement ici)
Si l'on peut savoir gré à Candyman 2 de ne pas tomber dans le slasher basique, ce qui aurait été la solution de facilité, à laquelle pour tout vous dire je m'attendais avec un certain fatalisme, il est dommage qu'il tombe dans l'autre piège qui lui tendait les bras, à savoir la suite explicative. En voulant à tout prix donner un background définitif à son monstre, cette suite en rétrécit automatiquement la valeur symbolique, et amoindrit considérablement la poésie macabre qui en émanait. Si cela donne tout de même de beaux moments, et qu'à tout prendre le film n'est pas si laid, sa note d'intention le voue néanmoins fatalement à l'échec.
D'autant que pour arriver à ce résultat, il faut subir un scénario poussif et parfois confus, pas aidé par une distribution au mieux quelconque (Virginia, reviens !). Même Tony Todd ne retrouve pas la grandiloquence surannée et tragique de son interprétation du premier opus. Bref on s'ennuie un peu, et ce ne sont pas les procédés ringards de mise en scène (jumpscares ridicules qui font péter les enceintes, gros flashs avec "boums" sonores, voix-off récurrente insupportable de l'animateur radio cliché qui empêche l'immersion, etc... ) qui vont faire de cette escapade à la Nouvelle-Orléans un opus indispensable de la saga. De toute façon, au vu de la la réputation calamiteuse du troisième volet (pas encore osé le regarder, mais bon...) et le non-intérêt du remake récent, on peut raisonnablement penser que tout a été raconté sur Candyman dans un premier film remarquable à la richesse inépuisable.
Dommage, j'avais fondé un petit espoir sur Bill Condon, dont le très bon Gods and monsters, qui viendra 3 ans plus tard, sera lui un belle réussite. Ici, empêtré dans un scénario schizophrène qui veut à la fois respecter son aîné, affirmer sa personnalité propre, et faire plaisir au "fan", il ne peut malheureusement pas faire de miracles.