Dernière collaboration entre Riccardo Freda et Mario Bava en 1959 soit deux ans après leur célèbre Les Vampires, film précurseur du gothique italien et le premier film où Bava sera crédité (il avait déjà travaillé un peu sur les Spartacus en 1953 et Beatrice Cenci en 1956 de Freda toujours): Caltiki, le monstre immortel ! On ne revient que trop rarement sur la carrière science-fiction de Mario Bava, qui ne se limite pas à La Planète des Vampires, d'où ce petit texte que je lui dédie. En pleine émergence de la science-fiction au cinéma dans les années '50 dans les pays anglo-saxons, Mario Bava, passionné de SF, se voit sollicité par son ami Riccardo Freda pour un projet que lui confie la Galatea Film, après le succès de Les Travaux d'Hercule l'année passée, ainsi que la société française Climax Film. Les sources sont floues concernant l'origine du projet. La version qui revient le plus souvent serait que Freda est bien le réalisateur de Caltiki, tandis que Bava s'occupait des effets spéciaux, des scènes avec les figurines et maquettes, de la photographie, mais que Freda serait parti peu avant la fin du tournage suite à une dispute avec un producteur et donc que Bava aurait terminé le film ; version, encore une fois sans en être certain, affirmée par les deux italiens. D'autres clament que Bava a presque entièrement réalisé le film, en dirigeant les acteurs par la même occasion. On ne sait donc pas vraiment, même si la première version semble être la vraie. Attribuons donc le film aux deux partenaires, et revenons en a Caltiki.



Caltiki, le monstre immortel c'est l'histoire de chercheurs qui, lors d'une expédition dans un ancien temple Maya, tomberont au pied d'une statue de la déesse de la mort Caltiki sur une masse gélatineuse hostile qui se greffera sur l'un d'entre eux. Au même moment, une comète s'apprête a frôler la Terre, comète dont la radioactivité va faire grossir la masse dangereuse.



Caltiki, un des premiers films de science-fiction italiens, est plutôt crédible pour son époque et malgré son budget probablement infime. Il y a des scènes assez impressionnantes, les effets pratiques sont inventifs et réussis. Par exemple, le monstre a été fait d'un amas de chiffons et de tripes animales achetées au commerçant du coin, et un pauvre type placé en dessous rampait pour faire avancer la créature. On y retrouve aussi la photographie léchée de Mario Bava, également responsable des effets spéciaux donc, qui sera aboutie l'année suivante avec Le Masque du démon, son premier film en solo.

Caltiki est assez bavard mais devient généreux sur sa dernière partie, avec plusieurs apparitions du monstre et des attaques à base de maquettes sympathiques, et même une ou deux images que l'on pourrait considerer comme gores pour l'époque.

Caltiki tire sur de nombreuses influences, notamment Lovecraft (Bava était grand amateur de ses écrits) et surfe également sur le succès du The Quatermass Xperiment de Val Guest et de Danger Planétaire de Irvin Yeaworth entre autres.



Au niveau du casting on retrouve John Merivale (Arabesque, Le Dernier de la liste...), Gérard Herter (Colorado, Adios Sabata...), Giacomo Rossi-Stuart (Je suis une légende, Zorro, Opération Peur...), Didi Perego sous le pseudonyme de Didi Sullivan (Kapò, La Grande pagaille, La Poudre d'escampette...) ainsi que Daniela Rocca (Divorce à l'italienne, Symphonie pour un massacre...) pour les rôles principaux. La musique est signée Roberto Nicolosi.



Caltiki était un film très intéressant à étudier - même en surface - et même s'il est un film mineur, il n'en est pas moins important pour le cinéma bis italien. Il aura un succès moins conséquent que celui de Les Vampires, il enregistrera un peu plus de 600 000 entrées et rapportera dans les 94 000 000 de lires.



L'édition blu-ray sortie par Artus Films, de très bonne facture comme à leur habitude (un vrai plaisir de pouvoir profiter de Caltiki dans une belle restauration), vient avec un livret fort intéressant écrit par Christian Lucas, revenant sur l'histoire de Catliki, ses influences, son héritage, les détails de ses effets pratiques, des anecdotes et bien plus. Vous y retrouverez largement d'avantage d'informations que sur cette critique, je recommande donc la lecture, ainsi que le visionnage des bonus vidéo.


Odokatharistis
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Visionnages 2023, Blu-ray récupérés en 2023 et Les meilleurs films de Mario Bava

Créée

le 24 sept. 2023

Critique lue 11 fois

Odokatharistis

Écrit par

Critique lue 11 fois

D'autres avis sur Caltiki, le monstre immortel

Caltiki, le monstre immortel
Boubakar
6

Un blob italien

Lors de recherches dans des vestiges Mayas, des chercheurs trouvent une substance gélatineuse qui, à l'approche d'une comète augmentant sa radioactivité, va devenir énorme et devenir une masse...

le 7 oct. 2022

3 j'aime

Caltiki, le monstre immortel
constancepillerault
6

Critique de Caltiki, le monstre immortel par constancepillerault

L'exemple même du petit film fauché, limite nanar, mais qui est totalement assumé par son auteur. Le film a vraiment été fait avec les moyens du bord : quand le monstre (ou du moins ce qu'ils en ont...

le 15 avr. 2020

2 j'aime

6

Caltiki, le monstre immortel
Odokatharistis
6

Freda et Bava, les monstres immortels

Dernière collaboration entre Riccardo Freda et Mario Bava en 1959 soit deux ans après leur célèbre Les Vampires, film précurseur du gothique italien et le premier film où Bava sera crédité (il avait...

le 24 sept. 2023

Du même critique

Hercule contre les vampires
Odokatharistis
7

Hercule et Thésée au royaume des morts

Encore du chemin pour l'exploration de la filmographie de Bava, j'attaque la deuxième dizaine de films vus du réalisateur avec Hercule contre les Vampires (Ercole al Centro de la Terra de son titre...

le 19 août 2023

3 j'aime

3

Red Room 2
Odokatharistis
3

Ridicule Room encore

Toujours avec Daisuke Yamanouchi à la réalisation, "Red Room 2" sortira en 2000, l'année après la sortie de son prédécesseur. Toujours les mêmes règles, toujours quatre joueurs: deux hommes sans...

le 26 sept. 2022

2 j'aime

Cannibal Ferox
Odokatharistis
7

Critique de Cannibal Ferox par Odokatharistis

Je découvre enfin un des titres majeurs du film de cannibales italien, mais également un des films les plus réputés de son réalisateur, Umberto Lenzi - lui-même le père fondateur du film de cannibale...

le 6 oct. 2023

2 j'aime