Quel étrange film que voilà. Le point de départ, une démission masculine sur fond d'épuisement marital, est traité dans une atmosphère très dupieusienne, où l'absurdité douce apparait normale. Rochefort en maquereau rincé par les effets de son charme séducteur et Marielle en gynécologue écœuré par le défilé quotidien de vulves, semblent pouvoir tout abandonner sans conséquence et se réfugier dans un Éden campagnard perdu. Là, la régression libidinale au stade oral (ça bouffe non stop, et avec délectation, de la viande et de la charcutaille, jusqu'aux tripoux en pleine nuit comme seul remède aux cauchemars conjugaux) se déroule dans une ambiance de jeunes garçons effrayés par les désirs féminins.


Le film pourrait apparaître comme une folle charge misogyne, ces dames étant dépeintes en exigeantes épouses et insatiables amantes face à des hommes anéantis par leur charge mentale et sexuelle, réclamant leur dû sans jamais se soucier des envies de leur partenaire. Mais il semble vite évident que Blier inverse volontairement les représentations de genre, telle cette scène où Rochefort se retrouve seul homme dans une rame de métros remplie de femmes aux regards puis aux comportements agressivement concupiscents.


Si la 1ère partie est gentiment dingue, la suite du film monte nettement en gamme dans l'absurdité, avec une rébellion masculine (passive, bien entendu) généralisée qui débouche sur une authentique guerre (magnifique régiment de soldates au langage de charretier vaginal, parmi lesquelles on reconnaitra Nicole Desailly, la vieille aubergiste de Devil Story) puis sur une tyrannie médicopriapique complètement délirante (avec Dominique Lavanant à poil pour ceux que ça intéresse). Le plus fou étant que la conclusion parvient à être encore plus wtf.


Calmos est donc une expérience ciné fort originale et qui mériterait d'être mieux connue tant son propos en miroir conserve une pertinence moderne. Et quel plaisir de retrouver de si bons acteurs bien servis par des dialogues à l'ancienne.

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le 20 août 2022

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