Call girl of Cthulhu est cheap, mal joué, mal truqué, mal filmé, ouvertement en dessous des ambitions et des attentes qu'on pouvait avoir en citant Lovecraft. Et pourtant, je n'arrive pas àlui en tenir rigueur devant la convivialité du résultat. C'est dégueulasse, beauf, médiocre, mais ça en devient si assumé dans le comique gras et l'exploitation bas de gamme que ça en devient furieusement attachant. C'est l'exemple même du film entre potes que je déteste qui à force de référence et de retourner les codes de l'univers de Cthulhu dans celui du registre à connotation sexuelle que le film parvient à se créer un capital sympathie alors qu'il profane (on peut employer le terme de viol) tout un monde. Avec sa version porno de Re animator, avec sa vision cheap de l'art (qui a une certaine place dans le scénario) et la beauferie de ses personnages, il parvient à atteindre ses maigres objectifs, finissant sur un remake abominable de Horribilis (ce qui a encore dopé mon affection pour cet objet). On ne peut même pas reprocher au final la vulgarité de son scénario au film, car en traitant le sujet de Cthulhu avec d'aussi pathétiques moyens, il utilise une trame cohérente et très lovcraftienne (le héros, vierge, tombe amoureux de la fille à la marque, et le tableau qu'il en fait la révèle à la secte des adorateurs de Cthulhu qu'il faut ensuite aller combattre).


Call Girl of Cthulhu, c'est surtout cet esprit débridé de la vieille série B qui rit au nez des vrais adaptations officielles. Les adaptations officielles ne peuvent rien montrer, sans quoi elles tombent dans le ridicule (voir The Call of Cthulhu pour s'en convaincre). Alors que les séries B ne peuvent pas se dérober. Il faut qu'elles montrent tout, coûte que coûte, car quand on n'a pas les moyen de faire un film parfait, on se doit au moins d'être généreux, sinon explicite, et d'en donner à voir au public. Et là, même si le film n'avait pas assez (les tentacules font vraiment pitié, et avoir osé représenter Cthulhu avec des tentacules en latex, un projecteur et deux bouts de carton, c'était limite de la provoc), il montre, il balance. Et même si c'est mal branlé, il a cette franchise du nanar volontaire qui s'assume, en gardant sa sympathie pour les personnages.


C'est ce qui parvient à l'extraire du cynisme dans lequel s'est vautré le récent Turbo Kid (parfait exemple du syndrome "Internet envahit les autres écrans"), malgré sa complaisance pour le gore gratuit qui m'a fait tiquer (le gode suivi du ventilateur). Ce genre de violence cracra gratuite annihile l'effet de dramatisation et tout impact que peuvent avoir les effets spéciaux (autant dire que les plans sans effets spéciaux deviennent alors ennuyeux). Ici, le film y cède un peu (financé via internet, c'était un mal surement nécessaire), mais il conserve suffisamment d'empathie à côté pour se constituer un capital sympathie (ou alors je suis allergique au post apo cheap et trop fan de Cthulhu pour stigmatiser sa beauferie). Dans tous les cas, aussi moche et difforme soit-il, c'est mon petit plaisir coupable bis (avec ces éclairages violets putain, j'en n'ai plus vu depuis From Beyond des trucs pareils !), à consommer vrai avant que la gueule de bois ne survienne.

Voracinéphile
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le 20 oct. 2015

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