En 2012, après plus de vingt ans d'attente et ne plus y avoir cru, Clive Barker parvient enfin à retrouver les bobines perdues de son Cabal, charcuté à sa sortie par la Fox qui n’avait pas compris les thématiques de ce faux film d’horreur au contraire purement fantastique où un homme déséquilibré trouve refuge chez une galerie de monstres cachés dans un cimetière mystique. Le film original présentait des défauts évidents, de faux raccords en trous dans le scénario malvenus. Cette version censée donc rétablir la vision de son auteur reste avant tout une opportunité rare pour son réalisateur mais en révèle également ses limites.


Ce remontage en HD ne changera pas l’histoire du film que vous aviez vu auparavant, il étoffera certes quelques points d’ombre et les motivations de certains personnages (la relation entre Boone et Lori, comment Boone se retrouve à errer sur la route après avoir vu Decker, comment ce dernier retrouve Lori devant Midian) mais le scénario restera le même. De plus, on constate non seulement que le long-métrage conserve des faux raccords finalement présents dès le tournage original mais également que de nombreux plans d’insert manquent à l’appel, rendant la vision définitive brouillonne, parfois difficile à suivre et malheureusement inégale.


Rallongé de plus de vingt minutes, le director’s cut propose ainsi plusieurs séquences étoffées mais ne rendra pas le métrage plus limpide, à l’image de la deuxième visite de Lori dans Midian où les apparitions des monstres semblent réellement avoir été filmées à part, ni l’acting plus soutenu, tous les membres du commissariat de Shere Neck cabotinant à outrance tandis que Craig Sheffer restant un piètre premier rôle. De nombreuses facilités (maladresses ?) d’écriture persistent et l’enchainement des scènes continue d’être souvent hasardeux. Reste du long-métrage une œuvre sincère, malhabile dans son traitement mais généreuse et parfois merveilleuse.


Au final, entre la volonté de vouloir à tout prix présenter toutes les images filmées par Barker sans pour autant y accorder une réelle logique de cohérence et de rythme, le long-métrage reste une œuvre imparfaite, certes riche en monstres et en effets divers et encore une fois romantique voire poétique dans sa manière de présenter la lutte des classes et le racisme, mais toujours un peu confus. Certes bien meilleur que son montage originel, ce nouveau Cabal est une preuve qu’un director’s cut n’est pas automatiquement synonyme de perfection et que, dans son ensemble, le film de Clive Barker était peut-être trop ambitieux pour l’écrivain.

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le 15 avr. 2021

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