Platonique et plastique indifférence

C'est l'histoire d'une jeunesse coréenne, une triade d'âmes perdues, qui tente par n'importe quel moyen de fuir. Ils sont tout trois prisonniers, d'une cage dorée, de la misère, du chômage, d'une société trop grande et trop complexe pour leur permettre d'atteindre le bonheur. Des liens étranges et intenses se tisses entre eux.
Le réalisateur de Poetry, nous mène dans un univers très esthétique, de la tentaculaire Séoul, à la campagne profonde proche de la Corée du Nord, une lumière douce et travaillée nous accompagne tout au long du film. Est ce vraiment réel? La brume, les levers de soleil et les crépuscules, les reflets sur les vitres. Tout semble se dérouler dans une autre dimension. Certaines scènes sont là pour nous ramener à la réalité, le jugement, le sexe, le veau... . Cela est renforcée par la féerie des personnages, poétiquement grotesque, ni tout à fait normaux, ni complètement fous. Tout est suggérer, rien n'est imposer. Nourrir un chat qui n'existe peut être pas, manger une clémentine que l'on ne voit pas, écrire un livre qui ne s’achèvera pas, se souvenir d'un accident que tout le monde a oublier, ôter une pierre imaginaire du cœur.... nous baignons dans l'incertitude. L'univers , les personnages, l'histoire sont incertains. Le jeux des trois acteurs est excellent et laisse paraître l’ambiguïté des personnages. Quelques notes inquiétantes rythment le film. La critique, subtile et indirect fuse de partout, rendre justice soit même quand le justice ne peut le faire, l'abandon et la solitude des jeunes qui ont échoués, les inégalité sociales et sociétales gigantesques...
Malgré un scénario et une mise en scène excellente pour nous conduire dans son univers, Lee Chang Dong, reste très conformiste, et privilégie le symbolique et le suggestif, plutôt que l'originalité et l'éclat que l'on pourrai parfois regretter. C'est presque avec indifférence que nous découvrons, l'impardonnable et l'impensable. Lee Chang Dong nous ferai presque trop rêvé. Au point de vouloir mettre trop de distance avec la réalité, et à trop vouloir lisser son univers on en deviendrai presque dépourvu de toutes émotions.


Burning nous transporte dans le labyrinthe des âmes que la société coréenne, à créée, celle des indignés, des psychopathes, des dépressifs. Et le film montre avec douceur et plasticité , l'errance de ces trois jeunes, qui n'appartiennent déjà plus, d'une manière ou d'une autre, à cette société.

RoideTrêfle
5
Écrit par

Créée

le 2 sept. 2018

Critique lue 712 fois

4 j'aime

RoideTrêfle

Écrit par

Critique lue 712 fois

4

D'autres avis sur Burning

Burning
EricDebarnot
9

L'avventura du petit paysan

Grand admirateur de Murakami dont la prose élégante et minutieuse et le fantastique brumeux sont si difficilement transposables au cinéma, mais aussi confiant dans le talent du rare Lee Chang-Dong...

le 11 sept. 2018

89 j'aime

10

Burning
Rometach
5

Feu de paille

[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en...

le 22 mai 2018

53 j'aime

16

Burning
Velvetman
8

I meet the devil

Habitué du Festival de Cannes, Lee Chang Dong revient sur la Croisette avec Burning, œuvre qui adapte Les Granges brûlées du Japonais Haruki Murakami. Long et faisant parler les non-dits, Burning...

le 29 août 2018

45 j'aime

4

Du même critique

Rafiki
RoideTrêfle
7

BIG BROTHER IS WATCHING U. Kenya. An 2018...

Rafiki, by Wanuri Kahiu Il est étrange de constater que peu de choses ont changées depuis 1984. Lassée, pourtant des films redondants sur l'homosexualité, et qui se produisent comme des petits pains...

le 7 oct. 2018

3 j'aime

Kedi : Des Chats et des Hommes
RoideTrêfle
3

Des chats, des hommes et surtout rien...

Un scénario qui se base plutôt sur une idée originale, découvrir le côté félin d’Istanbul, ses chats, omniprésents, leur relation avec la ville, avec les Stambouliotes, et en quoi ils enchantent leur...

le 6 janv. 2018

3 j'aime

1

Vers la lumière
RoideTrêfle
8

" Le bonheur de perdre... pour mieux retrouver..."

Les sensations sont toujours au rendez vous, après le goût dans les délices de Tokyo, c'est maintenant au tour de l’ouïe et du toucher. Naomie Kawase, avec sa caméra subtile et poétique, nous fait...

le 13 janv. 2018

2 j'aime