Bugis Street
Bugis Street

Film de Yonfan (1995)

Bugis Street (1995) / 105 min.

Réalisateur : Yonfan

Casting principal : Hiep Ti-Le ; Michael Lam ; Benedict Goh ; Greg O...

Mots-clefs : Hong-Kong ; Singapour ; Transsexualité ; Prostitution.

Le pitch (honteusement volé à Julien Sévéon*) :

Une jeune servante (Hiep Ti-Le) débarque à Singapour au Sin Sin Hôtel, proche du quartier chaud de Bugis Street. Elle découvre rapidement que les femmes vivant dans cet hôtel sont en réalité des prostituées transsexuelles. Choquée, elle décide de partir mais elle finit par s'installer et apprécier cet étrange univers et ses habitant(e)s.

Premières impressions :

Quand je regarde mon armoire à DVD, je me dis souvent qu'il faut que j'arrête d'acheter tous les films asiatiques qui me sont inconnus et qui me passent sous la main. Cela dit, si avec cette technique on achète tout un tas de bouses, de séries B, et de DVD au pressage plus que douteux, il arrive aussi que l'on tombe sur des raretés et en terme de rareté, le coffret de la trilogie Yonfan en est une sacrée. Regroupant trois films LGBT du réalisateur hongkongais (Bugis Street, 1995 ; Bishonen, 1998 ; Peony Pavillon, 2021), le coffret édité à seulement 3000 exemplaire dans le monde (?) est un truc quasiment introuvable en France malgré un sous-titrage disponible dans la langue de molière. Qu'est-ce qui avait poussé un amateur à revendre une telle rareté à un prix modique ? Je n'en ai aucune idée mais ça faisait mes affaires même si, une fois encore, il m'a fallu plusieurs années avant de me pencher sur les films en question.

Ce soir donc, c'était le tour de Bugis Street (1995), le premier film d'une trilogie LGBT du réalisateur Hongkongais Yonfan. Pour ce premier opus, nous plongeons à Singapour dans une rue du quartier chaud de Bugis Street, spécialité : transsexuelles. On n'a pas encore posé nos valises que le réalisateur envoie une première scène coquine... Pas de doutes, l'action va se dérouler dans un hôtel de passes et vu que nous ne sommes qu'en 1995, le réalisateur nous colle une jeune servante, Lian, qui comme nous, vient d'arriver dans cet univers et nous permet de le découvrir à travers des yeux un poil naïfs, mais curieux. D'ailleurs l'endroit n'est pas vraiment un hôtel de passe mais plutôt un lieu d'habitation pour la population haute en couleur qui dort et travaille en ces murs. Ici, on est peut-être à l'opposé des bonnes mœurs confucianistes mais on assume. On aime, on prend du plaisir, on prend des coups, on rit, on pleure, on vit sa vie, avec ses joies et ses peines. En tout cas on ne se juge pas et on n'est pas dans le misérabilisme et la jeune Lian évolue au milieu de tout ça, apprenant à grandir, qu'il s'agisse d'ouverture d'esprit ou d'affirmation de soi.

Passé à la moulinette de la censure à Hong-kong où les nombreuses scènes de nus masculines ont été retirées, le bureau de censure de Singapour semble avoir étrangement laissé passer le film malgré les nombreux pénis et scènes sexuelles qui parsèment le film. Je ne connaissais pas Yonfan, en tout cas il fait peu de doute que le monsieur aime les type musclés façon Cargo de nuit, et qu'il les préfère plutôt déshabillés, au point où on se demande parfois si la question transsexuelle n'a pas été qu'un prétexte à l'effeuillage de clients. On ne va pas se mentir, sans être médiocre, le film en lui-même n'a rien de génial, ni en terme d'image, relativement terne, ni en terme de scénario. En effet, si la première moitié du film est agréable et présente une galerie de personnages transsexuels, le scénario délaisse peu à peu ces dernières pour se concentrer sur la quête d'émancipation de la jeune servante dont on se cogne un peu. Alors bien sûr, réaliser un film dans le milieu transsexuel en 1995 n'est pas neutre, d'autant plus que film prend parfois des allures de documentaire humaniste et qu'on sent la volonté de montrer toute l'humanité de ces personnages. Pour autant, on ressort du film avec la sensation que ce dernier aurait dû nous narrer plus directement l'histoire de ces femmes transsexuelles et nous décrire plus en détails leur quotidien, surtout que les acteurs et actrices nous donnent envie d'en savoir plus. Yonfan, laisse bien quelques scènes de vie quotidienne ça et là, tente bien d'expliquer les rapports aux familles, à l'amour ou au moyen de gagner sa vie mais on a parfois l'impression que le sujet manque un peu de profondeur.

Pour conclure, et ne pas faire trop long, je conseillerais néanmoins de regarder Bugis Street si vous en avez l'occasion, ne serait-ce que pour le regard humaniste de son réalisateur et pour l'énergie et la vie qui se dégage des personnages secondaires. Il y a peu de chance que l'histoire principale de la jeune Lian vous émeuve beaucoup. Longtemps invisible au public français, il semble que plusieurs personnes aient pu voir le film lors du dernier Festival des 3 continents de Nantes. Est-ce à dire qu'il faut espérer une édition française ? Ce serait inattendu.

*Julien Sévéon (2008). Catégorie III. Sexe, sang et politique à Hong-Kong.

GwenaelGermain
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Créée

le 13 déc. 2023

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