Bruno Reidal s’ouvre sur un visage transpirant, joyeux et excité.
Des caractéristiques se manifestant pendant la décapitation d’un enfant.
Les éléments à l’origine de cet état de jouissance perverse tenteront d’être expliqués par le long métrage de Vincent Le Port pendant 1h41, ou du moins c’est ce que le long métrage tentera de nous faire croire.

Car le réalisateur préfère une plongée dans les méandres de ce désert verdoyant qui donne à voir un monde (ici une France rurale) froid que ce soit avant et après le drame (une famille peu enclin à la chaleur humaine, un viol sur un enfant, des psychiatres pouvant avoir un ton inadapté avec leur patient, un pasteur préférant dire à un confesseur que tel ou tel acte n’est pas moral pour sa religion au lieu de réellement l’aider à lutter contre ses démons). En effet si certains pouvaient s’attendre à une explication (style Mindhunter du début du XXème siècle) ce n’est pas ce que nous offrira Le Port.

Certes certains éléments nous sont évidemment donnés pour comprendre le comportement du jeune meurtrier, mais des zones de floues resteront et à aucun moment le film nous donnera plus d’explication (sur l’assimilation de la violence la plus cruelle au plaisir sexuel alors que le petit Bruno n’était pas à l’aise devant la mise à mort d’un cochon, le fait de ne pas s’en prendre au beau blond mais au final à un enfant croisé au hasard, ne pas s’intéresser à ses frères et sœurs et cela depuis l’enfance, etc)

Bruno Reidal est à l’image de films comme Elephant de Gus Van Sant , une expérience, dans laquelle la Terre des vivants/dominants dévoile une face sombre, insaisissable et où le mal surgit du au comportement d’un système nourrissant involontairement ce besoin de donner des réponses à l’encontre des différentes normes morales établies.

Cet aspect est souligné avec brio par la mise en scène clinique, mais surtout par des comédiens remarquables en particulier Dimitri Doré qui capte à la perfection ce corps et cet esprit désarticulé.

Pour autant le long métrage ne réalise pas un sans faute, malgré la qualité indéniable de la mise en scène et de la bo (dont aurait très bien pu se passer le film).

Il faut dire qu’une forme de convenance et de maladresse vient s’installer dans ces dernières (en particulier pour les scènes de masturbation, la scène du viol ou encore celle du meurtre noire comme pas possible mais dont la structure donne un côté parkinsonien).

Tout cela n’empêche évidemment pas d’assister du début à la fin à un voyage inexorable où le spectateur ira chercher ses propres repères pour comprendre le vice de ce pair.

LICENTIAX
8
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le 15 oct. 2022

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