J'aime bien Refn. Du moins de ce que j'en ai vu. "Bronson", j'avais envie de le voir depuis longtemps. Je m'attendais à un film nerveux mais esthétique, la passerelle idéale entre les "Pusher" (même si ça ne vient pas directement après) et des films plus maniérés comme "Drive"
Le scénario m'a posé problème. Pas assez de structure. Refn dit dans une interview qu'il n'y en a pas. C'est faux. Dans les 40 dernières minutes, il installe un objectif avec quelques conflits. C'est d'ailleurs cette partie que j'ai préféré même si ça m'a paru pauvre dramaturgiquement. Refn essaie de composer un personnage, mais se focalise uniquement sur lui. Pourtant, la meilleure façon de décrire un personnage, c'est dans son rapport aux autres. Pour cela, on peut dire que "Bronson" est l'antithèse parfaite de "Citizen kane" tant les personnages secondaires sont absents. Dommage, il y avait du potentiel ne fut-ce qu'avec ce rapport étrange avec la mère. Le héros s'avère donc relativement plat. Après une quinzaine de minutes, le spectateur a cerné toutes les 'subtilités' du personnage et quasi plus rien ne viendra l'alimenter. Sur la fin, un petit sursaut, le personnage a enfin l'occasion d'être approfondi, il se voit confronté à quelque chose, il vit enfin des conflits. Malheureusement, c'est trop court et Refn n'approfondit rien de ce changement puisque la conclusion doit arriver déjà 20 minutes plus tard.
La mise en scène m'a très peu convaincu. L'esthétique est léchée, mais sous les filtres, on ressent bien le manque de moyen, la pauvreté du décor et même de la mise en scène. En même temps, le film compile un grand nombre de petites scénettes, ce qui ne lui permet jamais d'installer une réelle ambiance, de creuser son découpage. Tout s'enchaîne vite, c'est plat, de temps à autre un plan, une scène qui marque, mais c'est rare. Ce qui m'a le plus choqué c'est l'utilisation aléatoire de musique : des tubes des années 70, de la musique classique et de l'électro. Le mélange des trois ne fonctionne pas, le réalisateur aurait dû s'arrêter à un genre pour créer une identité. Personnellement je trouvais les moments électro plus réussis, plus originaux. Le montage est assez mou : si le film enchaîne vite les séquences, les plans sont lents, mous, sans qu'il y ait quelque chose de vraiment intéressant qui se passe. Enfin, il faut tout de même saluer l'exploit de Tom Hardy qui se montre très convaincant dans son rôle de taré. C'est sans doute lui, d'ailleurs, qui fait tout l'intérêt de ce film et non Refn.
En parcourant les interviews, j'ai appris que la conception du film avait été plutôt chaotique (chose habituelle il me semble chez l'auteur). Apparemment, le scénario a dû être réécrit régulièrement durant ces 5 semaines de tournage. Les auteurs sont fiers, mais personnellement cela m'afflige : se lancer dans un scénario mauvais, et puis tenter de sauver les pots à la dernière minute, cela révèle une mauvaise stratégie.
Bref, "Bronson" reste un film intéressant principalement pour le travail de l'acteur principal, le reste étant en général bâclé, peu approfondi.