Etre ou ne pas être Charlie ?

Un jeune prêtre, Fabjian, plein de bonnes volontés et désespéré de voir le taux de natalité en berne de sa paroisse insulaire, s'allie avec le vendeur de préservatifs et le pharmacien pour percer tous lesdits préservatifs et remplacer les pilules contraceptives par des vitamines. Rapidement, le taux de natalité explose la barre des 70%, amenant ainsi son lot de problèmes sur la petite île jusqu'ici bien tranquille.

Si le film tente de montrer toute l'absurdité de la position de l'Eglise quant à la contraception, il n'en reste pas moins une comédie avant tout. Et c'est là son grand atout et son plus grand défaut. Car oui, aborder un sujet aussi grave que la pédophilie des prêtres dans une comédie, cela montre une absence de tabou sans aucun doute, mais aussi une absence de respect. Et c'est un peu ce qui me gène dans l'humour "à la Charlie Hebdo" : on ne parvient jamais vraiment à savoir si le fond est bel et bien la critique ou si c'est plus terre-à-terre que cela, si la véritable intention n'est pas de masquer un profond irrespect pour tout ce qui touche au religieux en faisant passer le suppositoire avec de l'humour bien gras. Et c'est là que la distinction entre la moquerie simple, voire simpliste, et l'humour intervient : l'humour n'est pas Tout Puissant et tout ne peut pas passer sous prétexte que l'on avance que c'est de l'humour.
Il me semble cependant que le film évite plutôt bien cet écueil, notamment par le fait qu'il aborde nombre d'autres thématiques avec humour (la vie des petits villages où tout se sait, le pragmatisme officieux des ecclésiastiques et j'en passe). C'est sans doute ce qui fait passer le film à 7 et qu'il n'est pas à 5 ou moins pour moi.
En bref, allez le voir si vous le pouvez (il ne passe pas dans un grand nombre de salles étrangement) et gardez à l'esprit que c'est de l'humour à la Charlie Hebdo. On nous a même distribué des capotes à l'entrée. C'est vous dire !