Bo Burnham: Inside
7.9
Bo Burnham: Inside

Spectacle de Bo Burnham (2021)

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"Is it necessary ?" // "Self-criticism absolves absolutely nothing."

Il est bien compliqué de parler de Bo Bunrham : Inside ! Ce film est évidemment force d'évocation de sentiments très personnels, fait écho aux profils particuliers des anxieux, stressés, inquiets, nihilistes ou dépressifs (ou tant d'autres) et n'en faisant pas partie eh bien je ne peux pas savoir si l'évocation est forte ou même réussie, j'ai lu tout et l'inverse. Forcément, cela pose problème quand on veut parler de cinéma que de faire face à un film qui se dit profondément subjectif. Que peut-on raconter dessus ? Que puis-je en raconter ? Indubitablement cette critique sera plus personnelle, faisant face au problème qui se pose, pour moi, en ces termes : que dire alors que c'est comme si le film disait qu'il était inutile et inintéressant d'en parler sérieusement ou autrement que du point de vue de l'expérience très subjective ?


Quelques évidences : Il y a un talent indéniable pour ce qu'on pourrait appeler super pompeusement la cinématographie des sentiments négatifs et la créativité ennuyée du quotidien clos. Mais ouais la mise-en-scène, l'éclairage, l'écriture et l'inventivité des effets comiques sont autant de qualités qui rendent l'exploitation du huis clos incroyablement riche et le travail sur le symbolique très intéressant.
La mise-en-scène de la vidéo react est super marrante, le passage sur le jeu vidéo mixe parfaitement le comique triste avec la représentation acide du milieu internet qui exacerbe ces deux sentiments et la chanson "Welcome to the Internet" devrait justement en être l'hymne.


Le cœur du sujet : Bo Burnham a voulu écrire, je pense, sur un combat entre lucidité et désenchantement. Les thèmes abordés sont sérieux, politiques, mais la "solution" face à l'évocation de ses sujets est unanime, le rire désabusé voire moqueur. Le problème qui se pose est justement littéralement évoqué :
*Est-ce nécessaire ? * L'autocritique n'absout absolument rien.
Le cynisme et le second degré peut-il tout faire passer ?
Si tout est cynique, nihiliste au sens propre, alors il faut demander pourquoi faire ce film, alors. Le passage sur l'âge est étrange, à ce titre.
Le problème


passer l'anniversaire de sa trentaine seul


est tellement moins grave que tous les sujets évoqués précédemment avec détachement que je me suis questionné sur l'intérêt du regard global ; globalement triste.


C'est bien là, la malheureuse sagesse des moments de déprime qui sont particulièrement puissants en ce qu'elle englobe tout avant et tout après et s'en moque. Cynisme de la situation, de la mise-en-scène, du film et de sa critique ; au final, de quoi avons-nous parlé ?


Reste qu'Inside ne parle pas de rien, il parle de beaucoup de choses sans en dire grand chose. Peut-être fut-ce travaillé comme un reflet, comme une simple représentation cathartique. Peut-être fut-ce réalisé comme un écho à des profils psychologiques que je connais pas ou qu'une symbolique m'a juste échappée. Toujours est-il que j'ai passé un bon visionnage, tout en ne pouvant pas poser des mots précis sur l'intérêt de ce dernier.


La plupart des critiques que j'ai lues parlent essentiellement de ressentis spectateurs, si la chose est finalement si simple il n'en reste pas moins qu'Inside est un bon prétexte à réfléchir sur l'intérêt du cynisme qui me semble être le troisième pendant exacerbé du "monde d'internet", après celui du rire et de la déprime.

Gwaï
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le 21 mars 2022

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Gwaï

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