"Blue Ruin" a fait le tour des festivals : Cannes, Deauville, Locarno, Hamptons, Toronto et Sundance. Il a même eu le FIPRESCI au festival de Cannes, un prix qui récompense le cinéma de genre, risqué, original et personnel. Comme souvent avec les films débarquant avec une telle réputation acquise dans les divers festivals, tout en étant encensé par les critiques, on se retrouve devant un film ou le temps s'étire, ou l'on en sort avec l'envie de torturer un critique des Inrocks (ou télérama) pour lui faire payer ce temps perdu dans la salle.

Dwight (Malcom Blair) est un vagabond qui erre dans une ville balnéaire de Virgine et vit dans sa pontiac bleue en ruine. Jusqu'au jour ou une policière bienveillante, vient le prévenir de la libération de l'homme qui a assassiné ses parents. Il retourne dans sa ville natale pour venger ces meurtres et retrouver le reste de sa famille, qu'il a abandonné sans explications. Mais rien ne se passe comme prévu, car un homme qui a tout perdu, est un homme qui a toujours peur.

Malcom Blair est un mélange de Zach Galifianakis et Joe Lo Truglio, le premier pour sa barbe, le second pour le regard mélancolique et le tout pour le côté lunaire. Du début à la fin du film, il gardera son air déprimé, les événements n'ayant pas vraiment de prise sur lui, il donne l'impression de continuer d'errer, même s'il a un but.
Le film tient la route dans les vingt premières minutes, avant de s'écrouler, se contentant de suivre son personnage principal, jusqu'à une fin ou il résume très bien le film en expliquant que pour un simple moment d'égarement, deux familles vont disparaître. C'est le même sentiment que j'ai ressenti en sortant de la salle, tout ça pour ça, tant d'éloges pour ça, en clair "Beaucoup de bruit pour rien".
Le thème de la vengeance, de l'auto-justice dans une Amérique ou les armes se trouvent comme une pomme sur un pommier (cqfd), n'a rien d'original. Son traitement peut sembler l'être, mais même avec son air perdu, dépassé par l'ampleur de la mission qu'il s'est imposé, il n'hésite pas à planter sa lame, à bien réfléchir avant d'agir, même si les conséquences ne sont pas toujours celle prévues, même s'il est maladroit en crevant un pneu ou stupide pour de multiples raisons. Dans tout les cas, le film n'a rien de particulier.
La caméra est mollassonne, en osmose avec le rythme d'un film qui s'étire malgré sa courte durée (1h30). Des facilités; avec l'ami d'enfance qui tombe bien; des incohérences; il est hospitalisé et pas un seul flic pour l'interroger alors que sa blessure.... d'ailleurs, il se ballade tranquillement dans sa tenue de patient dans les rues, normal. C'est bien de vouloir surprendre, de faire différemment, encore faut-il s'en donner les moyens, ce ne sont pas deux ou trois idées intéressantes qui font une histoire. Le scénario est au niveau de la réalisation, Jeremy Saulnier est aux manettes, il est donc seul responsable de ce film pseudo-original, sans style et très loin de sa réputation trop flatteuse.

Finalement, je ne suis pas surpris d'en être sorti déçu, même si j'en attendais rien. Je reste dans l'incompréhension des critiques dithyrambiques à son encontre. Le spectateur devient de moins en moins exigeant, c'est le même constat dans d'autres domaines, dès qu'un semblant d'originalité apparaît, ça crie au chef d'oeuvre, à force cela devient très gênant.
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le 11 juil. 2014

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Laurent Doe

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