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Les films sur la 2ème Guerre Mondiale ne manquent pas. Très tôt les cinéastes se sont penchés sur cette période et encore aujourd’hui, plusieurs sortent chaque année sur le sujet au point qu’il est parfois difficile de faire original lorsqu’on se lance là-dedans. Tourné en République Tchèque, Blood & Gold continue en quelques sortes la mouvance de films tels que Inglorious Basterds, Iron Sky ou encore Overlord. Scénariste de La Vague en 2008, réalisateur du récent film musclé de vampires Blood Red Sky (2021) qui avait un peu fait parler de lui sur Netflix, Peter Thorwarth revient donc avec Blood & Gold, avec lequel il va proposer en quelques sortes sa version de la nazisploitation, dans lequel il va être question d’Or et de dégommage en règle de nazis. C’est un succès sur la plateforme au N rouge un peu partout à travers le monde, mais surtout ce succès est justifié tant le divertissement qui nous est proposé est efficace.


Nous sommes clairement avec Blood & Gold dans un hommage au grindhouse clairement influencé par Quentin Tarantino. La 2ème Guerre Mondiale version pulp avec tout ce que cela va engendrer de bordel et de fun, même si la mise en scène est bien moins grindhouse qu’elle aurait pu l’être. En effet, l’ensemble est bien plus propre (Netflix oblige ?) sans doute afin de toucher un plus large public. Résultat gagnant puisque le film a été dans le Top 10 des vues sur Netflix dans plusieurs pays à travers le monde. Néanmoins, la mise en scène est de très bonne tenue et on sent un réalisateur appliqué et impliqué dans ce qu’il fait. Les cadrages sont toujours bien réfléchis, les scènes d’action très lisibles, pas trop cutées afin de garder leur côté bien fun, et la photographie, certes un peu grisâtre, arrive toujours à donner de belles images grâce à de bons éclairages. La production value est telle qu’il n’a rien à envier aux productions américaines du même genre et aurait largement pu se permettre une sortie dans les salles obscures. On peut établir un parallèle entre Blood & Gold et le western spaghetti puisqu’il en a tous les codes. Il suffirait de transposer l’action du film dans un western sauvage et ça fonctionnerait tout aussi bien. Une vengeance, de l’or, des coups de feu, le tout accompagné par une musique qui aurait pu sortir de l’esprit de Ennio Morricone. Ils poussent le vice jusqu’à la police d’écriture lors des génériques, très western dans l’âme. Peter Thorwarth ne cherche jamais à cacher l’histoire de son pays et bon nombre de références à des agissements Nazis sont bien présents : les SS qui vont récupérer des trésors de guerre avant de fuir à la fin de la guerre, le sort réservé aux juifs, et même le traitement des handicapés le temps d’une réplique (« Tous les parasites n’ont pas été éliminés à ce que je vois »). Malgré son côté fun et bourrin, on notera clairement une satire des évènements de l’époque en toile de fond.


Le scénario n’est jamais réellement profond car le but est ici d’être un divertissement popcorn et en aucun cas de lorgner vers le sérieux. Le réalisateur veut amuser les gens et il ne faut avoir guère plus d’attentes à propos du film si ce n’est celle de passer un bon moment. Blood & Gold ne se prend jamais au sérieux et c’est très bien ainsi. Le scénariste Stefan Barth a trouvé diverses occasions d’intégrer de l’humour dans le film, que ce soit dans les répliques ou dans les scènes d’action parfois absurdes. Le jeu de massacre présent dans le film a quelque chose d’assez jouissif. Ici, ce sont des allemands qui se chargent eux-mêmes de tuer des nazis. Mais il n’est pas question d’idéologie, les gens se battent pour de l’or, par pure envie de s’en mettre plein les fouilles durant une période compliquée de leur histoire. Quelques plans font bien mal (le lingot d’or enfoncé dans la bouche) et des moments sacrément funs versant parfois vers le gore qui tâche sont présents. Ça se met joyeusement sur la gueule avec tout ce qui passe par les mains des personnages, des armes certes, mais aussi le mobilier qui deviendra létal. L’action est violente, mais Peter Thorwarth l’exagère en y insérant un humour féroce (ce qui se passe dans le clocher en est un bel exemple). Les mises à morts ont beau parfois êtres dures, elles sont également exagérées, surprenantes ou simplement drôles. La réussite du film, on la doit également au casting qui est génial. Robert Masser incarne à la perfection ce soldat déchiré. Marie Hacke est convaincante en paysanne combative qui s’occupe de son frère handicapé. Alexander Sheer s’investit pleinement dans le rôle du méchant inhumain, fanatique, méprisable. Tout cela fait de Blood & Gold un très bon spectacle qui permet de passer 1h40 des plus divertissantes.


Quand un réalisateur allemand fait dans la nazisploitation façon grindhouse, ça donne Blood & Gold, un divertissement popcorn de très belle tenue. C’est rythmé, parfois méchant, souvent fun, parfait pour passer une bonne soirée détente.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-blood-gold-de-peter-thorwarth-2023/

cherycok
7
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le 26 juin 2023

Critique lue 84 fois

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