Bien avant sa carrière américaine et juste après le premier volet de la saga Pusher, Nicolas Winding Refn impressionne déjà avec Bleeder. Sorti en France ce mois-ci pour la toute première fois, Bleeder était originalement projeté en salles en 1999 et avait en tête d’affiche Mads Mikkelsen. Mais outre cette star jouissant aujourd’hui d’une réputation internationale, les autres acteurs sont aussi de grande qualité.
Léo et Louise vivent ensemble dans un appartement minable, et Louise tombe enceinte. De son côté, Lenny est vendeur au vidéo-club de son ami Kitjo et tombe amoureux de Léa.
Mais ce film ne parle pas que d’amour. Léo assiste à une scène de violence marquante liant le frère de Louise, Louis. Par des films de série Z projetés ou par des scènes du film, la violence apparaît à différents moments. L’hémoglobine sera de la partie.
Je tiens à dire que la caractérisation est très réussie à l'image de la première scène : des travellings latéraux bien trouvés. Les personnages sont à la fois réalistes et très intéressants. On sent que par exemple, Léo, porté par Kim Bodnia, ne veuille pas être père, se sent mal à l’aise et sombre progressivement dans la violence. Le malaise nous est bien partagé. De son côté, Lenny est un cinévore de série Z qui a très peu de relations humaines, campé par un génial Mads Mikkelsen.
Ces acteurs nous attirent car ils sont filmés de manière osée, au plus proche de leur visage. Ils évoluent dans un cadre sordide, un coin paumé de Copenhague. Et en ça les couleurs au tons glauques et cliniques tapent dans l’oeil. Mais ce n’est rien comparé à la fascination que le film a autour du rouge. Celle-ci est présente dans presque tous les photogrammes. Rouge comme le sang et rouge comme le cauchemar que les personnages croient parfois vivre. Au milieu des vertigineuses montagnes de cassettes vidéos et de livres, nos jeunes amis vont ressentir des peurs, prendre des coups et certains vont sombrer dans la folie. Conformément à la musique Metal, il se dégage de ce film une énergie, imprégnée bien sûr par la précarité des lieux. Traitant du racisme le plus profond ou de la violence conjugale, Bleeder n’oublie pas de nous offrir des moments cocasses et décalés.
Le film détient une belle mise en scène qui montre un certain talent chez Refn. L’écriture quelquefois se laisse aller. Même si elle n’est pas aboutie, le film se laisse apprécier en ayant une atmosphère propre. Salie par le sang qui menace de couler...