"Blanche-Neige et le Chasseur" réinvente l'histoire légendaire dans un film d'une beauté et d'une imagination étonnantes. C'est la dernière chose que l'on pourrait attendre d'un film portant ce titre. La narration est défaillante, car Blanche-Neige doit être entièrement bonne, la Reine doit être entièrement mauvaise, et il n'y a pas de place pour la nuance. La fin est donc prédéterminée. Mais, oh, quelle aventure.
C'est une Blanche-Neige plus âgée que celle à laquelle on pense habituellement. Jouée pendant la majeure partie du film par Kristen Stewart, capable et courageuse, elle a passé de longues années enfermée dans une pièce du château de son défunt père, emprisonnée par sa cruelle seconde épouse (Charlize Theron). Lorsqu'elle s'échappe et entreprend de redresser les torts, c'est une jeune femme mûre, qui intéresse les deux jeunes hommes qui se joignent à sa mission. Mais le film évite les scènes de romance et, d'une certaine manière, je suppose que c'est sage.
Le Chasseur (Chris Hemsworth) est un chasseur héroïque, buveur d'hydromel, chargé par la Reine de retrouver Blanche-Neige et de la ramener au château. Mais après l'avoir rencontrée, il est tellement impressionné qu'il change de camp. Il y a aussi le prince William (Sam Claflin), épris depuis l'enfance, et les deux hommes s'unissent dans une alliance non déclarée.
La reine vit dans la terreur de perdre la beauté de sa jeunesse et s'approvisionne constamment en sang de vierges pour la restaurer. Elle teste son succès avec le proverbial miroir sur le mur, qui se transforme en métal fondu et prend une forme spectrale, un peu comme la Mort dans "Le Septième Sceau", bien que son processus de transformation métallique nous rappelle "Terminator 2".
Le château, qui se dresse dans une splendeur sinistre sur une île reliée au continent uniquement à marée basse, est une fantaisie gothique qui me rappelle la série Ghormenghast. La reine y est rejointe par son frère, quelque peu diminué par sa coupe de cheveux blonde de groom, qui exécute ses ordres mais semble plutôt absent au déjeuner. Des figurants apparaissent lorsque c'est nécessaire, puis disparaissent. La Reine possède des pouvoirs surnaturels extraordinaires, notamment la capacité de matérialiser d'innombrables oiseaux noirs qui peuvent se transformer en démons combattants ou en éclats de métal coupant.
Tout cela est rendu de manière appropriée par les effets spéciaux, mais le trésor de ce film réside dans deux de ses lieux : une forêt sombre, dure et inhospitalière, et un pays de fées enchanté. Ces deux royaumes existent près du château, et le Chasseur est engagé en premier lieu parce qu'il connaît la Forêt Noire, où s'est réfugiée Blanche-Neige.
Dans ce royaume interdit, rien ne vit, et c'est épais avec les os noircis des arbres morts, comme si un feu de forêt n'avait brûlé que la verdure. Il n'y a pas de joie ici et un troll monstrueux affronte Blanche-Neige dans un face-à-face dramatique. Après que le chasseur l'a libérée de la forêt sombre, ils sont ravis de trouver, ou d'être trouvés par, les huit nains.
Oui, huit, bien que l'un d'entre eux n'ait pas survécu, ce qui réduit leur nombre au proverbial sept. Ces personnages semblent étrangement familiers, et ce n'est pas étonnant : La magie de l'image de synthèse a permis de reproduire les visages d'acteurs britanniques familiers tels que Ian McShane, Bob Hoskins, Ray Winstone, Nick Frost, Eddie Marsan et Toby Jones. Si cette technique est efficace, elle prive néanmoins huit nains (réels) de travail, ce qui n'est pas vraiment juste.
Les nains les conduisent vers mon royaume préféré du film, une féerie enchanteresse, qui est un triomphe de la direction artistique et des images de synthèse. Les champignons ouvrent leurs yeux et regardent les visiteurs. De mignons animaux de la forêt gambadent en hommage à une scène de forêt du film d'animation de Disney de 1937. Les fées elles-mêmes sont des lutins nus, à la peau pâle, aux visages vieux et sages. L'esprit de cette forêt est incarné par un grand cerf blanc aux yeux expressifs et aux cornes d'une complexité impressionnante. C'est une scène merveilleuse. Le réalisateur, Rupert Sanders, qui a débuté dans les publicités télévisées, est manifestement habitué à créer des lieux mémorables.
Pour le reste, il y a suffisamment de scènes de batailles médiévales, trop nombreuses à mon goût, et un siège du château assez excitant, aidé par l'intervention des nains, et mettant en scène des catapultes qui lancent des globes de goudron brûlant - toujours agréable.
Il y a un grand film ici quelque part, peut-être un qui a permis une plus grande complexité pour les personnages. Mais si l'on considère que je suis entré dans le film en ne m'attendant à aucune complexité, sans parler des merveilles visuelles, "Blanche-Neige et le Chasseur" est une expérience considérable.