Depuis la fin des deux saisons de l'animé, les studios d'animation luttent pour trouver le bon format pour adapter les arcs du manga Black Butler qui sont sorti depuis.


On a donc eu droit à la série beaucoup trop longue pour ce qu'elle avait à raconter (Book of Circus), puis la mini-série au nombre d'épisodes restreint qui fonctionnait déjà beaucoup mieux (Book of Murder) et au troisième essai, au film animé full-length.



Un début qui ne prend pas l'eau



Le format "long métrage" passe à deux doigts d’être le meilleur format possible pour ce genre d'adaptation.
Pendant plus d'une heure, ça marche parfaitement, sans baisse de rythme. Les péripéties s’enchaînent bien, l'humour propre à Black Butler fonctionne (si on y accroche), quelques révélations surgissent et fonctionnent dans l'univers (il ne faut pas s'arrêter trop longtemps dessus, mais dans le flot général, ça marche). On évite aussi le pseudo-cliffhanger de fin d'épisode (même si on en détectera un ou deux placés stratégiquement pour les coupure pub lors d'une diffusion télé)
Et s'il est nécessaire d'avoir quelques notions de l'univers pour ne pas être perdu au milieu de tous ces personnages récurrents jamais présentés (ie : avoir vu les précédents books au minimum), leur réintroduction dans le film se fait assez logiquement, sans forcer.



Down with the sickness



Et d'un coup, le mal profond qui handicape tant d'animé frappe en force : la flashbackite putaindetrolongiforme.
On est vers le dénouement et là, en plein milieu d'une scène d'action, un rebondissement intervient... pour être immédiatement coupé par un flashback. Ce n'est pas le premier du film, mais le précédent se déclenchait après un moement tellement "What the Fork ?!" qu'une courte pause explicative permettait de digérer la chose. Surtout que c'était court, que ça amenait quelques notions psychologiques sur le personnage en question, et qu'on replongeait 2 minutes plus tard dans l'action. En réalité, il était même nécessaire pour ne pas purement et simplement refuser le rebondissement et, de ce fait, complètement sortir de l'histoire.
Ça, c’était le flashback bien foutu du milieu de film.


Le flashback de fin, lui, prend une toute autre forme. Déjà il dure beaucoup trop longtemps (je pense au moins 10 minutes, probablement 15, mais mon ressenti se positionne autour de l'heure et demie).
Ensuite, c'est un flashback qui explique un élément de lore. Ça ne change pas la psychologie de la scène en cours, ça ne l’éclaire pas différemment. Ça présente juste un point dans l'historique de l'histoire globale. Le genre de flashback qu'un animé bien construit place dans un épisode filler lors d'un temps calme, et qu'un film placera au début (ou en début de 3e acte s'il est assorti d'une révélation).
Là, pour la première fois du film, on a vraiment l'impression de regarder une mini-série d'épisodes dont on vient de tomber sur un filler placé là où il est le plus frustrant.
Enfin, le flashback se construit autour d'une succession de tableaux. Du coup.... pourquoi tout mettre à la suite à ce moment là ? Cette construction en tableaux aurait été parfaite à disséminer tout au long du film. Et le dernier tableau aurait pu prendre place à ce moment là, ça aurait été assez court pour ne pas complètement frustrer, et bien que cela n'amène aucun changement à la scène d'action en cours, cela aurait pu mettre une emphase sur les enjeux dramatiques.


Le pire c'est que les éléments amenés par ce flashback sont intéressants dans la construction de l'histoire globale. Mais positionné à ce moment précis, sous cette forme précise, c'est une torture qui gâche vraiment le ressenti d'un film jusqu'ici tout a fait agréable.



qualité PS1



Un petit mot sur l'animation : d'une manière générale elle est d'une très bonne tenue et permet de scènes d'action fluides et nerveuses. Les personnages sont bien dessinés, les scènes fourmillent de petits détails. Mais elle aussi souffre d'un grave maladie : les inserts en 3D sont à classer parmi les plus laids que j'aie pu voir ces 10 dernières années. C'est tout bonnement affreux, à peine supérieur à une cinématique d'un jeu fin PS1, début PS2. Les inserts des précédents "books" étaient déjà pas terribles au mieux, mais là on touche un nouveau fond.
Le pire étant quand un personnage est intégré à cet insert. Il perd instantanément toute mobilité. Le panoramique sur le navire lorsque 2 personnages à la proue rejoue une scène célèbre d'un film connu a de quoi déclencher des saignements oculaires graves.


A ce propos, le film joue évidemment sur le parallèle avec ledit film en pastichant plusieurs passages. Dans l'ensemble, c'est fait avec assez de maîtrise pour faire souvent mouche et surtout ne pas résumer le film à cela.


même si on peut facilement le résumer à "Titanic, avec des zombies", c'est un résumé un peu biaisé. l'histoire développe pas mal de chose autour et en s'appuyant sur cela.


De la même façon, les antagonistes du film sont tous des copier-coller. On y voit la même femme et les deux même gars au moins 5 fois. C'est hilarant quand on le remarque ("tiens elle est encore re-morte elle. Bah c'est que la 5e fois"). Mais le problème est là : ça se remarque. C'est même impossible de ne pas le voir. Et ça donne un fort effet de recyclage éhonté de chara-design cheap au possible.
Je suppose que la justification derrière cela était qu'ils ont rogné sur ce coût pour financer les inserts 3D... vu leur qualité ils auraient mieux faits de s'abstenir, pour leur propre crédibilité.
D'autant qu'ils ont dû aussi rogner sur le budget sous-titrage tant les ST français sont bourrés de fautes et de mauvaises traductions.


The Book of Atlantic avait tout pour s'imposer comme la formule gagnante dans l'adaptation des arcs du manga Black Butler. Malheureusement des inserts 3D hideux et l'usage trop appuyé de flashback parfois inutilement longs et verbeux l'empêchent de pleinement développer son potentiel


Ça laisse néanmoins de l'espoir pour la suite, si jamais suite il y avait.

Planet_Smasher
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le 11 juin 2019

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