Billy Wilder, l'homme qui n'aurait réalisé que deux films !!!

Tout d'abord, je tiens à préciser une chose. J'ai une immense admiration pour Billy Wilder. Tellement immense qu'en fait c'est mon cinéaste préféré. Oui, devant des géants comme David Lean, Ernst Lubitsch et même Charlie Chaplin et Stanley Kubrick. Oui, un méga-fan de la mort qui tue... Je suis amoureux de son cinéma. Voilà, c'est dit...


Alors, ça m'a bien l'air d'être un documentaire allemand. Pratiquement toutes les interviews du monsieur sont en allemand, pourquoi pas puisque c'est sa langue maternelle et puis parce qu'il était aussi passionnant (et avec un beau sens de l'humour !) interviewé que réalisateur que ce soit dans la langue de Goethe que dans celle de Shakespeare, tous les intervenants sont allemands ou parlent allemand, tout cela me dérange absolument pas...


Par contre, ce qui me dérange, dans un premier temps, c'est que 80/100 du documentaire parlent uniquement de deux films, Un, deux, trois et Fedora. Le premier parce qu'il a été tourné en Allemagne, le second parce qu'il a été en partie produit par des capitaux allemands (je précise que j'ai adoré Un, deux, trois, et que j'ai bien aimé, malgré ses très nombreux défauts, Fedora !).


Certains l'aiment chaud se résumera donc à une anecdote, Assurance sur la mort a juste dire que le réalisateur a inventé l'essence même du film noir (ce qui est pleinement vrai, mais je pense que le plus grand film noir de tous les temps aurait mérité mieux !), Boulevard du crépuscule une anecdote aussi, La Garçonnière le bout d'un extrait, Le Gouffre aux chimères, une seule image, et visiblement des joyaux comme Ariane, Témoin à charge et La Vie privée de Sherlock Homes n'existent pas.


La chose qui me dérange dans un second temps, c'est que oui, Billy Wilder a certainement été dépassé par le changement de système de production intervenu dans les années 60, mais non ce n'était pas un cinéaste dépassé, même pour cette époque de bouleversements. Le dernier film est en trop c'est clair (je parle de Buddy Buddy évidemment !), Fedora souffre de très nombreuses imperfections (dont l'erreur de casting Marthe Keller, qui le reconnait d'ailleurs elle-même dans une interview du doc !) mais constitue ce qui aurait dû être un adieu ; mais un film comme Avanti! était très audacieux même dans un époque libertaire que celle des années 70. Et puis, le fait de conclure sur une note "Billy Wilder a terminé les 21 dernières années de sa vie, un peu comme Norma Desmond, en croyant à tort qu'on le réclamerait tel un vieillard pathétique", non je ne peux pas. Le "vieillard pathétique" a quand même donné une palanquée de chefs d'oeuvre, d'une modernité et d'une audace étourdissantes ainsi que d'une intemporalité flamboyante, et c'est sur cela que le documentaire aurait dû se conclure. Bordel, ce n'est pas la vie de l'artiste qui compte le plus (même si elle est passionnante !), mais son oeuvre ; c'est ça qui reste...


On retiendra quelques interviews d'un très grand intérêt, qui ne manque pas de souligner le côté tyran qu'il pouvait avoir sur les plateaux (mais bon ses films sont autant de preuves que cette méthode était d'une efficacité incontestable !) tout en montrant qu'il était d'une très grande force de caractère, qu'il s'était fait lui-même, et qu'il avait une sacrée paire de couilles, n'hésitant pas à envoyer bouler les puissants d'Hollywood.


Mais globalement, ce que l'on retient le plus, les choses sur lesquelles le documentaire insiste le plus, c'est tout de même que Billy Wilder a l'air d'avoir réalisé que deux films et a fini sa vie en tant que vieux pitoyable. A se demander pourquoi il est alors mon réalisateur préféré et que je le considère comme un génie...

Plume231
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le 16 sept. 2017

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