"Mais vous ne comprenez donc pas? ...elle BAISAIT avec le singe! ("she was fucking the monkey")" a crié du fond d'une salle Billy Wilder à pourtant Nancy Reagan, lors de la Première d'une comédie musicale qu'il n'aimait pas; selon l'historien Joseph McBride, hilare; Adaptée de Boulevard du Crépuscule "qu'il trouvait trahi". "La Première Dame et ses amies riches s'interrogeaient à voix haute sur ce singe siiiiiiiii singulier: "...pourquoi l'a t-elle? Je ne comprends pas" disait l'une"...elle a eu sa réponse.
"(Pas étonnant du tout puisqu'il) a bien dit au très craint Louis B. Mayer d'aller se faire foutre après que ce dernier lui a exprimé, en termes très vifs, son mécontentement pour la manière dont le réalisateur avait représenté le monde du cinéma dans "Boulevard du Crépuscule"" ( Plume231)

En vrac, les infos qui m'ont amusé et qui sont sans doute très connues:

  • ___"l'ancien métier d'un réalisateur en dit long sur lui: Bunuel était entomologiste, Hitchcock était graphiste, Wilder était reporter ...et ça se reflète dans son travail...il est un peu un reporter dénonçant la corruption" (Joseph McBride)
  • ___""Le gouffre aux chimères'(1951): parait aujourd'hui moderne et visionnaire, Spike Lee veut même en faire un remake...mais ça a été un désastre commercial...il a plu en Europe pour son côté anti-Américain mais aux Etats-Unis, personne ne voulait le voir...Paramount lui a donné un titre plus aguicheur, "Le grand carnaval"...idiot...mais il n'a pas marché quand même...Wilder a ensuite battu en retraite et donc du réaliser, comme beaucoup, une pièce de théâtre qui avait déjà marché" ('Stalag 17', un succès à Broadway)" (Joseph Mc Bride)
  • ___La garçonnière (1960): est "un scénario original inspiré d'un détail qui avait marqué Billy Wilder...c'est comme ça que son esprit marche...dans 'Brève Rencontre' de David Lean, le couple adultère utilise l'appartement d'un ami. On le voit à peine... mais ça a suffi à Wilder de se demander qui c'est:
  • "il doit vider les cendriers, laver les draps, c'est sordide; quel genre de type est-ce?" (Joseph Mc Bride)
  • "les projections tests ont été mitigées...les fabriquants d'alcool faisaient pression sur les studios...ils craignaient que le film leur porte préjudice..." (Joseph Mc Bride)
  • "lors des soldes, quand on regarde à un pull puis on le redépose et qu'un mec le saisit soudain, on désire à nouveau fortement le pull qu'on avait redéposé...Spielberg est pareil" (PierreAmo)
  • "L'ironie est que Billy Wilder voulait que son dernier film soit 'La Liste de Schindler'...il tenait à la réaliser à la mémoire de ses parents, sa famille mais il a découvert que Spielberg détenait les droits...comme LE FILM NE SE FAISAIT TOUJOURS PAS...il a appelé Spielberg pour lui dire qu'il voulait le réaliser en hommage à sa famille...Spielberg a décrit cette conversation comme la plus difficile de sa vie...il a dû dire à Wilder que la production avait commencé...et qu'il réalisait le film...Wilder le SUPLLIAIT de lui laisser réaliser le film...ça a été très dur pour Spielberg...il a dit QUE LE DESIR DE WILDER LUI AVAIT DONNé ENCORE PLUS ENVIE à LE RéALISER LUI-MêME" (Joseph McBride)
  • 'Uniformes et jupon court'(1942): il a "réalisé ce film au sujet incroyablement sulfureux; c'est Lolita en 1942; c'est un film sur la pédophilie; je ne sais pas comment ils ont fait pour échapper à la censure...Ray Milland tombe sur Gingers Rogers à bord du train et l'amène dans son compartiment...il croit que c'est une enfant et ça ne dérange personne qu'il la mette dans son lit...le film est bourré d'allusions sexuelles...c'est une satire féroce de l'Amérique, de son hypocrisie et puritanisme sexuel" (Joseph McBride) ...c'est parce que "personne ne croit que Gingers Rogers a 12 ans" (Tony-blue eyes-Maietta)
  • son succès comme scénariste avec La Baronne de Minuit (1939), Ninotchka (1939) et de Par la porte d'or (1941)...lui permet d'être autorisé à tenter la réalisation: "seuls Preston Sturges et John Huston avait réussi à sauter le pas...", (ses producteurs de Paramount lui offrent son jouet pensant qu'il échouera et le récupérerons comme scénariste) (Tony Maietta)...
  • ...ce qui me rappelle les producteurs de Sigmund Romberg dans son biopic par Stanley Donen avec José Ferrer, 'Au fond de mon coeur'...certains aussi qu'il échouera quand seul, et reviendra dans leur giron (PierreAmo)
  • Billy Wilder aimait particulièrement une scène de 'Par la porte d'Or' (1941) où "un réfugié en attente de s'infiltrer aux Etats-Unis par le Mexique est dans une chambre d'hôtel miteux...un cafard rampe sur le mur et Charles Boyer se mettait à parler au cafard..."on est pareil toi et moi...tu n'as ni droit ni pays"...j'avais aimé un doc d'un Patrick Cazals sur l'énigme Charles Boyer mais je ne crois pas qu'ils racontaient que cet acteur avait vexé les scénaristes et dialoguiste Billy Wilder et son ami, Charles Brackett, qui lui demandaient comment s'était passé le tournage de cette scène qui leur tenait à coeur...:
  • ..."On l'a coupée...on a coupé le dialogue avec le cafard...je ne parle pas aux insectes"... Wilder était furieux. "S'il ne parle pas aux insectes, il ne dira plus rien". Charles Brackett et Billy Wilder n'avaient pas encore "écrit le dernier quart, où Boyer ne dira alors presque plus rien; ; le film en pâtit mais c'était leur vengeance" (raconte Joseph Mc Bride) ...ce qui me rappelle une scène dans Friends où Joey en interview, regardé par un auteur de dos, vexe les scénaristes et dialoguistes, et en subit les conséquences puisque son personnage disparaitra.
    • Charles Brackett et Billy Wilder écrivaient ensemble dans le même bureau de la Paramount( qui produisait "un film PAR semaine"!?): ils ne choisissaient pas les sujets; ils écrivaient quasi à la chaîne, "date et délai imposés". Ils sont collègues et amis mais si j'ai bien compris, ils sont en total désaccord politiquement! Cette opposition me rappelle des séries télé où la femme est de droite et le mari de gauche. Mais Joseph Mc Bride dit aussi que "Charles Brackett était antisémite"??!! (sic)
    • Wilder n'aimait pas son propre accent et doutait de son Anglais. Il avait appris l'anglais et surtout son argot, en se gavant de radio, feuilletons et journaux. Argot qu'il utilisera à profusion et avec délectation en écrivant pour Hawk dans 'Boule de feu'(1941). Charles Brackett était son opposé: "un écrivain New-Yorkais aux idées Conservatrices...membre de l'aristocratie Américaine...d'une vieille famille WASP" (un des premiers acronymes que j'ai appris en cours d'anglais au collège...White American Protestant? non! "White Anglo-Saxon Protestant").
    • "leur deux personnalités s'entrechoquaient...l'un était une boule d'énergie débordant de la pièce...l'autre était très calme et imperturbable... ont formé un tandem qui a duré des années et créé des classiques...le meilleur tandem de l'époque..." (Tony sexy beast Maietta) Mais l'un juif et l'autre "antisémite" (selon Joseph McBride, qui me dit ça comme ça...comme s'il me disait qu'il était roux ou gaucher).

    *************************************************************************************************

    Ajout plutôt hors doc:

    Peut-être prétentieux, mais je suis ravi que deux experts de Billy Wilder (ce Joseph Mc Bride et Tony Maietta) me confirment des années après, l'impression que j'avais eue en amateur ignare avec Sabrina(1954), mais avec d'autres mots. Sabrina, sous les apparences d'une comédie romantique, me semblait alors faire un commentaire ironique, moqueur, avec fort sarcasme et humour noir du culot d'une riche bourgeoisie hypocrite. Billy Wilder m'avait alors fait penser à presque Ken Loach sur le fond. Par exemple, le père chauffeur qui se disait "respecté", avait pourtant été en retard à la gare où sa fille arrivait après pourtant des années d'absence, parce qu'il n'avait pas été libéré de sa tâche primordiale de chauffeur "car Madame m'a demandé de la conduire chez le coiffeur" (sic; le jour où il va revoir sa fille pas vue depuis des années!). Billy Wilder me semblait décrire au passage cette riche famille comme des « pervers pourris et corrompus et profiteurs » comme rarement jamais telles familles sont décrites dans ce genre de comédies légères. Il y a une scène clé où Wilder via le grand-père dit bien que c'est un arbre généalogique composé de pervers profiteurs et parfois traitres à leur patrie pour l'argent...et tout cela dans un film Américain... le vieux en colère avoue un truc du genre:

    ""...j'ai jamais dit que les Larrabee étaient des saints; on en eu dans la famille des pervers, des trafiquants d'esclaves, des pirates, des voleurs de trains, des assassins de président mais jamais un de nos ancêtres n'a épousé la fille d'un domestique, c'est le comble, c'est trop ! "" (le grand-père dans pourtant Sabrina! ^^)
    "Wilder nous fait croire que son film traite d'un sujet et d'une certaine manière, mais il fait en fait passer ses autres messages par en dessous, parfois de façon subliminale" (Tony Maietta)

    Un seul bémol et mini point mini négatif est quand Billy Wilder trouvent, selon les sous titres, les civils Américains face à la guerre assez "amateurs" car "ils-n'ont-jamais-connu-la-guerre-sur-leur-sol"(sic)...lui aussi, il oublie encore La Guerre de Sécession et autres...mais je comprends ce qu'il veut dire.

    Et au moins il m'a fait rire avec ses descriptions de scènes réelles mais quasi 'Septième Compagnie', lors de leurs exercices de défense civile et leurs répétitions: par exemple, lors de patrouilles en roulement les soirs pour bien faire tout éteindre pendant le couvre-feu, "les gardiens du black-out", des réalisateurs crient donc d'éteindre et de la fenêtre allumée, un homme s'excuse mais à cause de l'accent allemand des patrouilleurs, il leur raconte s'être soudain "demandé si les nazis ont pas déjà débarqué/have the nazis landed already?" (les deux crieurs étaient en effet Walter Reisch et Ernst Lubitsch^^);

    ou lors de répétitions de sauvetage, l'une d'entre eux, la "plus petite" et légère car "on n'était pas musclés", sert de mannequin portée sur brancard, comme lors d'un brevet de secourisme...sauf que quand la vraie ambulance re-démarre "en trombe/weck", elle finit par vider par l'arrière le brancard sur roue sur la route "de Bel-Air" comme dans une scène de film comique du genre 'Britannia hospital'..."on avait oublié de fermer les portes"...la réalité rattrapant la fiction.

    La dame roulant allongée sur le bitume était l'alors femme d'Alfred Hitchcock selon Billy Wilder , hilare.

    PierreAmo
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    le 5 juil. 2023

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    PierreAmo

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