Je suis en pleine crise franchouillarde en ce moment, la faute à Ado à qui j’ai piqué plein de trucs douteux… Aujourd’hui, parlons un peu d’un Fernandel de prime jeunesse, par de celui que vous connaissez, celui qui, après-guerre, connaîtra un succès sans équivalent dans notre histoire (de 1945 à 1965, pas moins de 46 de ses films dépasseront les deux millions d’entrées, pour vous donner une idée…), non, celui des années trente, le chansonnier devenu vedette du cinématographe, avec déjà beaucoup de réussite chez Renoir, Allégret, Duvivier, Christian-Jaque ou encore Marcel Pagnol…

De Marcel Pagnol, ici, on utilise les studios de Marseille d’ailleurs, ainsi que les talents de Charpin, pour un duo de héros sympathique, à l’exact croisement entre le couple burlesque des bandes muettes américaines et le crypto-gay improbable avec scènes de jalousies et adoption conjointe d’enfant en prime…

En 1939, Fernandel a déjà plus que de la bouteille, il a pourtant l’air tellement tendre encore, presque puceau, dégingandé de jeunesse maladroite, un peu chevalin bien sûr, mais sans tomber encore dans le camélidé, un faux-air de Goofy en fait, ce que certains bruitages de cartoons aident par ailleurs à faire ressortir…

C’est une histoire assez chouette dans les fêtes foraines, entre Freaks et Astérix et le chaudron, un couple d’associés et une bambine perdue, Fréhel en voyante dodue du stand d’à côté, le frère cadet du réal en lutteur de foire, la baraque aux horreurs… Suite à un geste chevaleresque de nos deux amis, un apache retors fous le feu à leur tente à berlingots, les ruine et les force à essayer divers travaux, à reprendre la route tels les nomades qu'ils sont, à tâter de la grivèlerie aussi… Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour nourrir une gamine parfois… Et Fernandel chante deux ou trois numéros de cabaret, comme d’habitude, ça n’intéresse bien entendu que quatre membres du site à part moi, comme ce film, mais ça compte tout de même…

Malheureusement, à un moment, une scène infâme qui fait basculer ce charmant film insignifiant de l’autre côté de la barrière, des grimaces, un fou, Jean Brochard immonde, du bégaiement, le pire du pire en quelque sorte et le film a bien du mal à s’en relever dans un grand n’importe quoi final qui nous ramène l’apache dans ses œuvres tout en oubliant, très improbablement, mais j’ai pu dormir, de punir ce pyromane dans un final édifiant de bon aloi…

N’empêche, c’est loin d’être désagréable, le couple fonctionne parfaitement dans l’accent local démesuré, et ce n’est pas non plus le pire de la trentaine de Fernandel que j’ai pu voir, ce qui soit dit en passant, donne très envie de goûter aux quatre-vingt-seize qui me manquent encore, j’ai d’ailleurs bien l’intention de m’y atteler dans les jours qui viennent…
Torpenn
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le 11 sept. 2013

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