Trop méta, trop référencé, trop de Bergman... mais à part ça, c'eest un beau film

J'aime bien le cinéma de Mia Hansen-Løve, il y a toujours un truc qui arrive à me toucher et c'est également le cas dans ce Bergman Island, même si je le trouve malgré tout assez maladroit, notamment au début lorsque ça radote en boucle sur Bergman. Bon, je ne vais rien dire, j'suis aussi allé à Faro pour voir la tronche de l'île de Bergman, j'suis mal placé pour critiquer les personnages du film et la réalisatrice, mais j'ai rapidement fait une overdose de mentions du réalisateur. Disons qu'ils en font trop, entre les concours d'anecdotes de tournage, sur sa vie et les pèlerinages, ça suffit, on a compris.


Les personnages ne peuvent pas juste aller écrire leur prochain film sur l'île de Faro parce que c'est rigolo de le faire là ? Parce qu'ils en avaient l'occasion ? Parce que c'est un endroit magnifique ?


Heureusement, dès qu'on sort un peu de la naphtaline, ça se passe mieux. Disons qu'elle montre des choses intéressantes sur le couple qui peuvent se passer des références appuyées à Scènes de la vie conjugale. On a donc une femme et son mari qui sont tous les deux cinéastes qui veulent profiter d'être à Faro pour écrire et ce qui est intéressant c'est que la femme semble moins sûre d'elle, moins confiante dans son travail, elle peine à écrire et que son mari ne lui est pas d'une grande aide. On ressent toute l'impuissance du mec à l'aider, s'il dit un truc elle n'est pas contente, il adapte son discours, elle n'est toujours pas contente... et en même temps il n'a rien de mieux à lui offrir que des réponses formatées et un peu vides.


J'aime ces micro-tensions dans le couple qui me semblent assez universelles, malgré le cadre très bourgeois du film.
Mais je pense que ce qui m'a le plus parlé c'est finalement le film de cette réalisatrice qui veut raconter la fin d'une histoire d'amour entre deux personnes qui se sont aimés, qui se sont quittés plusieurs fois et qui vont se séparer définitivement. Si encore une fois ça pue la bourgeoisie, il y a quelque chose de très juste dans le regard de Mia Wasikowska qui regarde Anders Danielsen Lie. On sent qu'elle l'aime, qu'elle a envie de lui, qu'elle a peur de le perdre et que lui est prêt à se laisser tenter, mais que malgré tout quelque chose le retient. Les deux s'aiment mais on voit que l'un veut plus que l'autre et ça crée un déséquilibre et une certaine beauté. Le plus dur étant qu'on sait que ça va mal se finir puisque la réalisatrice l'a annoncé.


La fin du film est un peu étrange, on sent que le film dans le film mélange du vrai et de la fiction, sans doute une façon pour Mia Hansen-Løve de nous dire qu'il y a des vrais bouts d'elle dans le film (non mixés). Mais il y a quand même des bouts assez improbables, genre la fille qui rentre comme ça tranquille dans la maison de Bergman qui est censée être sous clé... ça fait vraiment façon artificielle de rajouter une scène dans ce lieu pour rajouter une scène dans ce lieu (il y a un dialogue assez méta qui va dans ce sens d'ailleurs). Sauf qu'à force de se la jouer trop méta, ben on finit par perdre l'implication qu'on avait pour les personnages. Parce que c'est clairement ce que j'aime dans son cinéma, elle arrive à en faire qui sont tangibles et qui sonnent vrais. C'est dommage de sacrifier ça.


En tous cas je crois que ce que j'ai préféré, c'est le film dans le film qui aurait pu faire un bon moyen métrage.

Moizi
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le 4 nov. 2021

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