Ce charmant (et très drôle) conte grivois sans jamais être vulgaire montre comment la sincérité peut desservir, comment une ingénue réalise que c’est la perversité (et le mensonge) qui lui apportera le bonheur. Les baisers parfumés à la violette, les douces mains effleurant une poitrine généreuse et les bains crapuleux sont quelques unes des étapes de l’apprentissage de la débauche par lesquelles passera cet innocent de Benjamin ! Il apprend vite les ficelles du libertinage en compagnie de l’amant de sa tante. C’est un élève doué même s’il enrage souvent de ne pas être libre! Michelle Morgan est d’une magnifique dignité et son rôle pathétique de maîtresse aimante et compréhensive lui sied à merveille. Piccoli en donneur de leçon incarne un personnage proche de Valmont qui ne s’encombre pas de scrupule et se laisse prendre au piège qu’il ne cesse de tendre. Deneuve en ingénue perverse rayonne ! Elle comprend rapidement que la souffrance fait partie du jeu amoureux et elle se montre lucide en affirmant « comme il va souffrir et comme il va m’aimer » ! Même si cette analyse des relations hommes/femmes s’avère clairvoyante, de même que la conception différente qu’en ont les hommes et les femmes, j’ose espérer qu’elle est pessimiste même si chacun (presque) y trouve finalement son compte ! Ce film semble frivole mais à la lecture de ce que je viens d’écrire vous comprendrez que ce n’est pas forcément le cas et qu’il soulève certaines questions intéressantes sous couvert de légèreté comme faire la distinction entre le désir et l‘amour entre autre ou vaut-il mieux obtenir le cœur ou le corps de la personne convoitée?... « si vous désirez mon corps, rien de plus facile mais pour ce qui est de mon cœur, vous comprendrez que c’est impossible » Est-il possible de se contenter de l’un quand on nous refuse l’autre ? L’apprentissage de l’amoralité ne peut être anodin! La qualité du texte de Deville et de Nina Companeez de même que la musique choisie font de cette satire sociale une réussite
Rawi
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le 5 juil. 2013

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