Il s'en passe des choses dans ce couvent...

Après deux ans d'attente pour voir ce film débarquer au cinéma, je pensais naïvement que le film diviserait non pas les gens qui allaient le voir mais ceux qui, comme d'habitude, allaient se prononcer sans avoir vu le film car une thématique qui les touche personnellement est traitée par Verhoeven, un "non concerné".

Et puis finalement, dans la salle, devant le film, je comprends pourquoi ce film est (ou va être) clivant et pour ma part ce n'est pas un défaut. Verhoeven, un peu comme dans Showgirls que j'aime beaucoup, joue parfois avec le grotesque des situations. On peut aller voir Benedetta et se marrer pendant deux heures, on pouvait faire pareil avec Showgirls d'ailleurs (d'où la nomination aux Razzie). Seulement le film est au premier degré sans se prendre au sérieux. J'ai du mal à l'expliquer mais il assume à la fois sa lourdeur et sa légèreté lorsque cela arrive dans le film, ce qui rend le propos honnête et surtout très juste.

J'ai adoré suivre l'histoire de cette femme, ses visions nanardesques au premier abord et pas si ridicules que ça lorsqu'on y repense à froid, tout comme l'histoire d'amour qu'elle vit ou ce qui se passe dans ce fichu couvent. C'est une sœur, elle est dans un autre monde que la plupart d'entre nous et c'est ce qui fait que moi je crois à cette histoire, à l'interprétation des acteurs. Il y a eu une volonté de traiter cette histoire avec beaucoup d’ambiguïté, ce qui sert le propos du film jusqu'au bout. C'est un film qui vient interroger le spectateur sur ce qu'il voit, ce en quoi il croit ou non, ce qui est juste ou non et moi ce sont des choses qui me parlent personnellement. Et dans la dernière demi-heure ça explose et c'est jouissif, ça m'a beaucoup fait penser à Black Book qui avait des scènes plutôt explosives comme ça aussi. Il y a aussi le thème du pouvoir qui est exploré dans le film de façon passionnante.

Alors oui c'est orienté dans le sens où il suffit de lire la page Wikipédia de Sœur Benedetta pour s’apercevoir que l'adaptation omet des choses, mais aucun réalisateur n'a un point de vue neutre du moins je l'espère (et en soi la neutralité peut être un point de vue) et puis c'est aussi ça la liberté artistique lorsqu'on adapte une œuvre : montrer sa propre vision d'une histoire.

D'ailleurs ce qu'on pouvait craindre n'a finalement pas lieu d'être : Benedetta n'est pas un film qui fait dans la provocation et dans la gratuité, et qui ne cherche pas à offenser des gens. On nous raconte juste quelque chose d'une certaine façon, c'est à nous de prendre ou pas.

Je salue bien évidemment la performance des acteurs du film, parce que même dans les seconds rôles il y a de belles surprises (j'ai trouvé Louise Chevillotte sublime dans son rôle personnellement).

Laissez vos préjugés de côté et laissez vous porter par le film, au pire si vous êtes complètement extérieur au délire ça vous fera au moins un peu rire je pense.