(vous êtes prévenu : ça spoil dans cette critique ! "Spoil"... quel mot affreux... Y'a pas un équivalent franchouillard ?")

Voilà longtemps que je désirais voir Baxter, et pour je ne sais quelle raison j’appréhendais un peu. Non pas que j’eu peur que ce film soit mauvais. Non. Mais un je ne sais quoi, dans l’affiche, le synopsis et le ressenti des rares personnes que je connaisse à l’avoir vu me laissait prévoir un léger malaise à son visionnage.
Et ce fut le cas.

Baxter est assez inclassable comme film. Dès les premières secondes, où l’on voit, où l’on écoute plutôt, le chien nous livrer ses pensées grâce à la voix inquiétante de Maxime Leroux, on ne sait trop pourquoi, mais le malaise s’installe. Et il ne vous quitte plus jusqu’à la fin, glaçante, du long-métrage.

Baxter peut se voir comme une critique acerbe des comportements humains, surtout dans ses deux premières parties.
D’abord avec la vieille dame qui, bien que prévenue par son beau-fils, humanise trop Baxter, dans le sens où elle le voit plus comme un compagnon que comme un animal (de compagnie, pourquoi pas, certes) et ne montre aucune autorité envers lui. Autorité dont un chien a besoin pour trouver sa place.

Puis avec ce jeune couple, chez qui ce chien vivra comme il nous le dit lui-même ses jours les plus heureux. Malheureusement, on se rend compte que la jeune-femme a pris un chien comme l’on achèterai un nouveau bibelot, quitte à s’en débarrasser sans même un regard en arrière quelques mois plus tard, face à un mari qui, lâchement ou juste parce qu’il ne veut pas s’affirmer, laissera faire sans moufter.

Dans sa troisième partie, dont je vais éviter de révéler trop de choses, Baxter trouve un nouveau maître qu’il décrit comme étant « comme moi : ne ressentant ni peur ni amour ». Et l’on sent que les scénaristes ont voulu faire passer autre chose que les travers du caractère humain. Le « N’obéissez jamais ! » lancé par ce chien peut se voir, je pense, comme un « réfléchissez, ne soyez pas des moutons, sinon ça peut très mal se finir, pour vous entre autre ». Mais, hélas, je trouve le trait trop appuyé, la métaphore grossière. Le film aurait gagné à un peu plus de subtilité, de non-dit et l’on aurait tout aussi bien comprit.

Baxter se révèle donc un film à l’atmosphère glauque et dérangeante, ceci aidé par une photographie austère et terne, qui, à coup sûr, vous mettra bien mal à l’aise et vous laissera un sentiment étrange après son clap de fin (et j’avoue préférer mille fois être « dérangée » par un film plutôt qu’y être totalement indifférente). Mais c’est un film original, qui tente de faire passer un message, une vision et qui, souvent, y parvient. J’ajouterai que le film est servi par de bons comédiens ce qui permet une immersion totale et ce dès le départ.

Alors oui c’est un film bizarre… mais qui vaut franchement le coup qu’on y jette un œil.


Petit rajout : quelle idée judicieuse d'avoir choisi un bull-terrier (plusieurs en l"occurence) : de vraies gueules de cinéma !
Pravda
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le 16 févr. 2013

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Pravda

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