Pire manquement de respect à la vie humaine et aux édifices publiques.

Malgré ses piètres qualités artistiques, Batman Forever aura cassé la baraque, confortant ses producteurs dans leur orientation très grand public. Ne s'embarrassant plus du moindre scrupule, ces derniers construiront ce quatrième épisode sur une base purement mercantile, la gamme de jouets inhérente à ce genre de production étant lancée avant même que la moindre phrase du script ne soit tapée, celui-ci devant se positionner selon les figurines sélectionnées.


Dans des conditions pareilles, difficile d'accoucher d'un film convenable et ce n'est pas Joel Schumacher et son scénariste Akiva Goldsman qui tenteront de relever la niveau déjà très bas. Encore hésitant lors de la confection de l'opus précédent, le cinéaste va cette fois laisser libre cours à sa folie furieuse, faire de son film une sorte d'hommage à la série télévisée des 60's, en oubliant au passage que celle-ci était drôle et délirante, et surtout appartenait à une époque bien particulière.


Tel un dément échappé d'une boîte à partouze en forme de bonbon Haribo, Joel Schumacher va enfanter un truc innommable, un bouton purulent qui vous pète à la gueule et vous aveugle pour les années à venir, va plonger notre chauve-souris adorée dans un gang bang contre-nature où s'ébattent bestialement blockbuster enfantin et bariolé, délires SM et crypto-gay, références à Clockwork Orange et punchlines crétinoïdes à peine dignes de la pire blague Carambar.


Une immondice insoutenable et interminable, cheap à mort alors qu'elle est blindée de thunes, s'apparentant à un mauvais épisode de Power Rangers ou de Beetleborgs. Tout y est kitsch dans le mauvais sens du terme, englué dans des couleurs criardes frôlant l'épilepsie, profondément débile et surtout shooté n'importe comment, aucune de séquences d'action n'étant lisibles ne serait-ce qu'une seule de putain de seconde.


Violant tout ce qui se trouve à sa portée avec une poignée de graviers, Akiva Goldsman s'amuse comme un petit sadique à saborder ses personnages, transforme des figures mythiques en pantins abrutis. Se foutant royalement de l'univers qu'il adapte, il fait ainsi d'un génie du crime comme Bane un vulgaire catcheur mongolien, et bousille toute la portée tragique et bouleversante de Freeze à grands coups de vannes puériles. Ce mec ne mériterait qu'un chose, se faire empaler avec son Oscar pour le moyen A Beautiful Mind et agoniser lentement devant l'intégrale de Plus belle la vie.


Impossible du coup pour les comédiens de faire bonne figure avec une écriture aussi désinvolte. Tournant en simultanée dans la série ER qui a fait sa renommée, George Clooney semble complètement paumé et se demander en permanence sur quel plateau il est. Payé une fortune pour un des pires rôles de sa carrière, Arnold Schwarzenegger se ridiculise de bout en bout mais se console en pensant au prochain Hummer qu'il pourra se payer, tandis que Uma Thurman s'éclate comme une folle en mode "je suis en vacances tous frais payés". Choisis pour leur physique avantageux (l'histoire de leur vie), la top-model Elle McPherson et la supra-giga-mega choupinette Alicia Silverstone jouent les utilités. Quant à Chris O'Donnell, égale à lui-même, il mérite plus que son quota de baffes déjà bien rempli. Encore une fois, seul Michael Gough parvient à conserver un semblant de dignité.


Chiant à la gueule de tous les fans du comic-book tout en comptant les biftons, Batman & Robin n'est absolument pas drôle, même pas au millième degré. Ce n'est qu'une gigantesque fumisterie d'un cynisme aberrant et prenant les mômes pour des vaches à lait stupides, une erreur de la nature qui mérite amplement le florilège de critiques assassines qu'il reçu lors de sa sortie, et dont la plus belle nomination reste à mes yeux le Razzie Award du pire manquement de respect à la vie humaine et aux édifices publiques. Pour le coup, il l'a pas volé.

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le 28 janv. 2016

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Gand-Alf

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