Après l’échec de Taram et le chaudron magique, Walt Disney revenait à une recette classique. Le résultat est pourtant, à mon sens, décevant. La source d’inspiration est pourtant riche. Pensez donc l’ombre de Sherlock Holmes, le Londres de la fin du XIXe siècle, un ennemi qui rend hommage à Vincent Price et qui introduit donc une dose d’épouvante mais aussi de film noir, un clin d’œil appuyé à Basil Rathborne. Mais l’ensemble n’est guère passionnant. La première raison est l’absence de charisme du héros. Trop proche du tourmenté Sherlock, il inspire trop peu de sympathie. Le docteur Dawson, son partenaire, évoque bien les figures de Baloo ou de Petit-Jean mais avec maladresse. Si le professeur Ratigan est un méchant haut en couleurs, seul Fidget amuse. Les autres personnages sont transparents alors qu’habituellement les personnages secondaires sont une des forces des Walt Disney.


La deuxième raison est un scénario bien peu palpitant. Il faut attendre les vingt dernières minutes pour voir le dessin animé enfin s’emballer avec, notamment, la très belle scène dans la taverne. L’histoire ne porte, par ailleurs, jamais la moindre trace d’un mystère propre à l’univers de Conan Doyle. Le méchant est identifié en même temps que son repère et ses sombres desseins. Le récit ne réserve donc aucune surprise. Les auteurs préfèrent se focaliser sur l’atmosphère sombre qui entoure cette aventure. Le dessin animé se déroule ainsi principalement la nuit, sous la pluie ou l’orage, dans des lieux mal famés souvent exigus avec quelques effets peut-être trop impressionnants pour des tout-petits (la scène dans le magasin de vieux jouets). Dans ce contexte-là, peu de place est laissé à la légèreté et à l’humour, le docteur Dawson et Fidget se chargeant ici ou là d’égayer certaines situations.


Les deux chansons interprétées dans l’opus illustrent tout à fait le ton de l’ensemble. Elles ne sont ni marquantes ni vraiment entrainantes. Elles participent à un tableau à mon goût trop maussade même s’il n’est pas question de réduire les dessins animés de Walt Disney à des niaiseries acidulées. Cependant, on aurait attendu un résultat moins sombre et une intrigue plus endiablée pour se laisser emporter par ce opus qui n’est pas sans qualités, loin de là, mais qui manque de corps. Pour ma part, c’est une déception.


Play-It-Again-Seb
5

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Liste et classement des films que j'ai vus (ou revus) en 2022

Créée

le 1 juil. 2022

Critique lue 68 fois

2 j'aime

5 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 68 fois

2
5

D'autres avis sur Basil, détective privé

Basil, détective privé
Before-Sunrise
10

"En revanche le monde me lèchera les pieds !"

Comme beaucoup (comme tout le monde), j'ai mes chouchous chez Disney. Souvent ce sont ceux, les rares, que nos parents nous avaient offerts gamins, et qu'on regardait en boucle le dimanche ou le...

le 19 oct. 2011

52 j'aime

14

Basil, détective privé
Docteur_Jivago
8

Sherlock Mouse

Sauveur de la maison Disney après quelques échecs et une concurrence acharnée avec l'ancien employé Don Bluth, Basil, détective privé, très libre adaptation du Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle,...

le 8 janv. 2018

35 j'aime

6

Basil, détective privé
Walter-Mouse
8

Et la lumière fût...

Taram et le Chaudron Magique n'ayant pas été produit dans de bonnes conditions et ayant été démonté par la critique malgré l'arrivée d'une nouvelle génération d'animateurs chez Disney, le prochain...

le 13 juil. 2016

31 j'aime

11

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 14 nov. 2023

21 j'aime

22